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Comment fonctionne une entreprise dont l'actionnaire majoritaire est une fondation ? L'exemple de Pierre-Fabre

Eric Ducournau, PDG de Pierre-Fabre, était l'invité d'Élisabeth Assayag dans "La France bouge".

Eric Ducournau, PDG de Pierre-Fabre, était l'invité d'Élisabeth Assayag dans "La France bouge". © Europe 1

Romain Rouillard 21h00, le 25 octobre 2023

Invité de "La France bouge" ce mercredi sur Europe 1, Éric Ducournau, PDG du groupe pharmaceutique Pierre Fabre, est revenu sur le modèle économique bien particulier de l'entreprise. Son appartenance à une fondation d'utilité publique lui assure une sureté dans la provenance des investissements et une visibilité dans les travaux à engager.

Bosch, Rolex ou encore Ikea ont un point commun. Toutes ces entreprises, aussi différentes soient-elles, partagent en effet le même modèle économique en appartenant à des fondations reconnues d'utilité publique. C'est également le cas de l'entreprise pharmaceutique Pierre-Fabre, dont le PDG, Éric Ducournau, était l'invité d'Élisabeth Assayag dans La France bouge ce mercredi soir. 

Un fonctionnement bien particulier qui répond à la volonté de l'homme d'affaires Pierre Fabre, créateur de l'entreprise du même nom. "Lorsqu'il est décédé, en 2013, il souhaitait donner la majorité des titres qu'il détenait à cette fondation qu'il avait créée en 1998 et qui avait été reconnue d'utilité publique en 1999", raconte Éric Ducournau. Cette fondation humanitaire, qui œuvre en Afrique et en Asie du Sud-Est, est ainsi devenue l'actionnaire majoritaire de Pierre-Fabre. Par ce biais, "elle recueille 86% des dividendes que nous distribuons". 

"Investir correctement" 

Les 14% restants sont divisés en deux parties avec, d'un côté, "10%  qui sont recueillis par les actionnaires salariés puisque les salariés sont actionnaires de l'entreprise depuis 2025", et de l'autre, une manne financière destinée à "alimenter" les dividendes reversés à la fondation ou aux salariés. 

À travers ce modèle économique, Pierre Fabre souhaitait "pérenniser" l'activité de son entreprise, explique Eric Ducournau. Et surtout, s'assurer que le groupe "continuerait à investir correctement, notamment en termes de recherche et développement, pour être capable d'entretenir les portefeuilles". Désireux que l'entreprise conserve un ancrage local, dans le sud-ouest de la France, et perpétue un "modèle mixte avec du médicament et de la dermo-cosmétique", Pierre Fabre a également confié à des "personnes extérieures" la charge de vérifier que toutes ses dernières volontés seraient respectées. 

"La fondation n'a pas le droit de diriger l'entreprise" 

Mais le processus n'a pas été si simple pour l'entreprise. Afin de bénéficier d'un tel modèle économique, "Pierre Fabre a obtenu, en 2004, une modification du droit français afin qu'une fondation reconnue d'utilité publique puisse détenir la majorité d'une entreprise à but industriel et commercial", relate Eric Ducournau. Le législateur français a toutefois exigé une condition : "la fondation n'a pas le droit de diriger l'entreprise", lui offrant ainsi toute l'autonomie nécessaire. 

Enfin, Eric Ducournau met en avant la "visibilité" offerte par ce mode de fonctionnement. "La fondation est transparente, vis-à-vis du management de l'entreprise, sur ses besoins. Donc, on sait ce que nous devrons dégager comme dividendes, pour permettre à la fondation de maintenir ses actions. Et puis, nous n'avons pas un actionnaire qui change en permanence ses besoins, pour des raisons diverses et variées, parce que le monde va mal ou qu'il y a une crise quelque part et que les cours fluctuent". En contrepartie, Pierre Fabre se trouve dans l'obligation de financer ses investissements à travers "ses propres ressources". D'où "l'exigence de rentabilité" qui s'impose au quotidien.