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Madagascar: la filière vanille au cœur d'un atelier de concertation dans la capitale

A Madagascar, la filière vanille est l'objet d'un atelier dans la capitale Antananarivo. La plateforme de la société civile Rohy qui regroupe 500 organisations dans toute l'île, a rassemblé les différents acteurs du secteur, pendant deux jours. Sur la Grande Île, première productrice de vanille dans le monde, la filière fait vivre près de 80 000 familles et représente 25 % des exportations. Pourtant, elle profite encore peu aux communautés de base.

avec notre correspondante à Antananarivo, Laetitia Bezain

Le ministère du Commerce a mis en oeuvre plusieurs mesures pour stabiliser cette filière avec, entre autres, un prix minimum à l'achat de la vanille verte pour assurer un revenu juste aux agriculteurs.

Cependant, sur le terrain, ce prix n'est pas toujours appliqué, nous explique Roderic Andrianalison, planteur à Marofiniritra, localité du district d'Antalaha, dans le nord-est de l'île: « Le prix fixé par l'Etat c'est 75 000 ariary le kilo mais en réalité on le vend à 45 000 ariary. L'offre est supérieure à la demande. Cela nous met dans une grande difficulté parce que notre vie repose sur la vente de vanille, pour pouvoir envoyer les enfants à l'école, payer les frais de santé ou encore les produits de première nécessité. »

La baisse du prix du kilo de vanille, ces trois dernières années, a eu de lourdes conséquences pour les paysans et ce, d'autant plus que le coût de la vie n'a cessé d'augmenter.

« Nous avons essayé de faciliter la rencontre avec les communautés, à la base, qui n'ont pas vraiment d'espace pour s'exprimer. Nous souhaitons que le gouvernement puisse vraiment trouver une solution qui réponde aux besoins de ces communautés, surtout des planteurs de vanille qui souffrent vraiment de cette différence entre le prix annoncé par l'Etat et le prix pratiqué au niveau des communes concernées », fait remarquer  Harijaona Andriamoraniaina, coordinateur technique du mouvement de la société civile Rohy.

Pour être payés un prix juste, les autorités encouragent notamment les planteurs à adhérer « à des organisations bien structurées, comme les coopératives, pour qu'ils aient la garantie d'être rémunérés et récompensés pour leur travail », indique Isidore Andrianirina Razanakoto, directeur général du ministère du Commerce et de la Consommation.

« Le ministère est en train de procéder actuellement à l'assainissement de la filière pour que tous les acteurs soient gagnants. Cela part donc des planteurs jusqu'aux exportateurs. C'est dans cette optique que nous avons rendu effectif le Conseil national de la vanille, un espace de concertation au centre de toutes les décisions concernant l'amélioration de la filière et composé à la fois des membres du secteur public et surtout du secteur privé », précise-t-il.

Libéralisation de la filière

Parmi les propositions évoquées par certains planteurs et organisations locales de la société civile, pendant cette concertation, figure celle d’une libéralisation de la filière pour redynamiser la demande. Seuls les opérateurs ayant obtenu un agrément du ministère du Commerce sont autorisés à exporter l'épice mais la liste de ces exportateurs agréés n'est pas encore sortie.

C’est un manque de visibilité qui freine l'achat de vanille, explique Nirina Lyvio, président de la commission agribusiness du FIVMPAMA, le groupement du patronat malgache: « Nous, exportateurs, nous sommes d'accord qu'il faut assainir la filière mais il faut bien clarifier les règles du jeu et pour le moment, la plupart des exportateurs sont dans le flou, en particulier concernant l'agrément. On ne peut pas signer des contrats parce que personne ne sait encore qui va obtenir l'agrément alors que la campagne a déjà commencé. C'est le véritable souci pour le moment. La vanille, ce n'est pas une petite somme. Comment voulez-vous qu'on emprunte, par exemple au niveau des banques, pour acheter de la vanille alors qu'on ne sait pas si on va obtenir l'agrément d'exportation ? Donc c'est la raison pour laquelle aujourd'hui, il y a pas mal d'exportateurs qui n'achètent pas encore. »

Les dossiers de demandes d'agrément sont en train d'être examinés, fait savoir le ministère du Commerce. Parmi les critères requis pour bénéficier d'un agrément : être en règle vis-à-vis du fisc et du Service de la Finance extérieure et avoir rapatrié les devises de la campagne d'exportation précédente.