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Syrie: les défis et enjeux du déminage sous-marin à Raqqa

C’est l’un des pays les plus contaminés au monde par les explosifs. Avec un accident toutes les 20 minutes en moyenne, la Syrie paie le prix fort d’une décennie de conflit. Mais si on pense assez vite au danger des mines antipersonnel au sol, on pense moins souvent au risque dans l’eau. À Raqqa, Handicap international tente, avec les moyens du bord, de nettoyer les cours d’eau truffés d’explosifs. RFI a rencontré le démineur en chef, de passage à Genève.

Avec notre correspondant à Genève, Jérémy Lanche

Timothy Roberts estime que dans le nord-est syrien, on peut tomber sur un engin explosif tous les 3 mètres environ. Ce Sud-Africain, vétéran du déminage à Handicap International le sait bien. Cela fait un an maintenant qu’il vit à Raqqa. Un an qu’il tente de nettoyer l’Euphrate, complètement polluée par les explosifs. Pour cela, il a constitué une équipe de 10 volontaires. Dix volontaires qu’il a fallu former rapidement.

Et pour tout. « Ils ne savaient pas nager, encore moins plonger. On a dû leur apprendre à nager, puis on leur a appris à plonger avec un tuba. Et puis, il a fallu passer au niveau supérieur et leur dire : "ok, maintenant, on va vous apprendre à enlever des explosifs sous l’eau". »

Ensemble, ils ont déjà retiré plus de 2000 explosifs de l’eau. Et permis de dépolluer la station d’épuration de Tabqa. Très importante pour la région de Raqqa. Parce que même s’ils n’explosent pas, les engins immergés menacent la santé des habitants.

« Si l’explosif fuit, les produits chimiques se répandent dans le réseau d’eau potable, les humains les boivent, les animaux aussi, les agriculteurs arrosent leurs champs avec, explique le démineur. Beaucoup de personnes se retrouvent avec des calculs rénaux, des problèmes pulmonaires… Cela peut aller jusqu’à des cancers et des leucémies. »

Il faudra sans doute de décennies pour nettoyer complètement le sol et les eaux de la Syrie. Et surtout beaucoup plus de moyens.