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Face à la pire crise économique depuis 150 ans, les Libanais cherchent à quitter leur pays

Le Liban est frappé par une des pires crises au monde depuis 1850, selon la Banque mondiale. L’effondrement du niveau de vie de l’écrasante majorité de la population a été brutal. Face à cela, les Libanais cherchent à quitter le pays. 

De notre correspondant à Beyrouth

En deux ans et demi, la livre libanaise a perdu 95% de sa valeur face au dollar, le salaire mensuel minimum est passé de l’équivalent de 450 dollars à 20 dollars, l’inflation est galopante. L’État ne fournit plus d’électricité, les « filets sociaux » sont inexistants.

Face à cette situation catastrophique, beaucoup de Libanais ont perdu espoir et cherchent à quitter le pays pour de meilleures opportunités à l'étranger. Une étude de l’Institut des sciences sociales de l’université d'État libanaise, montre que près de 70% des jeunes souhaitent effectivement quitter définitivement le Liban.

►À écouter aussi Le Liban peut-il sortir de la crise?

Au total, 85% des personnes interrogées justifient leur souhait de partir par l’absence de toute perspective, dans un pays qui a brutalement basculé dans la pauvreté. 90% de ceux qui veulent partir expliquent leur décision par la crise économique et financière et les deux-tiers par les blocages politiques qui empêchent des réformes et une évolution du système. Un autre rapport publié par le réseau le Baromètre arabe indique qu’environ 48% de la population, toutes tranches d’âge confondues « cherche à quitter le Liban ».

Fortes demandes de passeports

Cette volonté de partir exprimée par une grande partie des Libanais pourrait expliquer la forte demande de passeports ces derniers mois. La demande de passeports a été multipliée par dix ces deux dernières années, provoquant une rupture de stock. Fin avril, la Sûreté générale a annoncé avoir suspendu les prises de rendez-vous sur sa plateforme en ligne pour les personnes souhaitant obtenir un passeport.

Elle a indiqué que cette suspension restera en vigueur tant que les autorités libanaises n'ont pas versé les fonds nécessaires à la société chargée de produire les nouveaux passeports. L’État est en faillite et ne respecte plus la plupart de ses engagements financiers, même les plus basiques.

« Résidence par investissement »

Pour surmonter toutes ces difficultés, qu’elles soient d’ordre économique ou administratif, mais aussi le fait que les documents de voyage libanais ne sont plus bien cotés, certains Libanais tentent de se procurer une autre nationalité. Certaines îles aux Caraïbes accordent la nationalité en contrepartie de sommes pouvant atteindre 150 000 dollars et sans besoin de se rendre sur place. Des cabinets de conseils offrent ce service, surtout pour les Libanais qui travaillent dans les pays du Golfe ou ceux qui ont besoin de se déplacer fréquemment.

D’autres Libanais ont bénéficié de programmes de « résidence par investissement » proposés par des pays européens comme la Grèce, le Portugal et encore Chypre. En contrepartie de l’achat d’immobilier, ces pays accordent des facilités de visas et éventuellement la nationalité.  Mais l’écrasante majorité des Libanais qui ont sombré dans la pauvreté n’ont pas les moyens de s’offrir une autre vie sous des cieux plus cléments.

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