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En Allemagne, le procès d'un officier de réserve qui espionnait au profit des Russes

Le procès qui s'est ouvert hier à Düsseldorf contre un sexagénaire accusé d'espionnage concerne une période antérieure à l'invasion de l'Ukraine par Moscou. Mais l'homme d'affaires, officier de réserve, qui a transmis des informations militaires aux services secrets russes l'a fait durant une période déjà marquée par des tensions entre la Russie et l'Allemagne. L'homme avait commencé à livrer des informations à partir de 2014 lorsque Moscou a annexé la Crimée. 

« N’ayons pas peur des affaires avec la Russie. » Le titre de l’intervention du cadre supérieur lors d’une rencontre d’une chambre de commerce et d’industrie il y a quelques années était prémonitoire. Ralph G., lieutenant colonel de réserve de la Bundeswehr, avait un faible pour la Russie. Il entretenait par exemple les tombes d’un cimetière à Kaliningrad où reposent des soldats russes et allemands de la Première Guerre mondiale.

C’est lors d’un bal très chic de la Luftwaffe, l’aviation militaire allemande, qu’il rencontre un attaché militaire de l’ambassade de Russie à Berlin, raconte notre correspondant à Berlin, Pascal Thibault. Ce contact débouche sur une collaboration régulière avec la transmission par Ralph G. d’informations sur des réservistes de la Bundeswehr, sur la défense civile allemande ou encore les conséquences des sanctions économiques contre la Russie après l’invasion de la Crimée en 2014. 

La communication avec les Russes avait lieu sous forme de rencontres en tête-à-tête, par téléphone et par e-mail ainsi que par la messagerie Whatsapp, affirme le magazine Der Spiegel. Il aurait été en retour rétribué, via notamment « des invitations à des manifestations organisées par des services gouvernementaux russes ».

Son activité professionnelle civile, qui n'a pas été précisée jusqu'ici, lui permettait en outre de siéger dans « plusieurs comités de l'économie allemande ». Ces deux casquettes ont permis, entre 2014 et mars 2020, à cet homme de transmettre à « de nombreuses occasions, des documents et des informations provenant en partie de sources publiques, mais aussi de sources non publiques ».

Selon Der Spiegel, l'officier de réserve a également livré des extraits d'un projet de livre blanc du gouvernement allemand dans lequel les passages concernant les relations avec la Russie après son annexion de la Crimée avaient été considérablement durcis.

Arrêté en 2020, il reconnait avoir livré des informations, sans être rémunéré, mais affirme n’avoir pas su que ces contacts travaillaient pour les services secrets russes. Le sexagénaire accusé d’espionnage risque une peine de plusieurs années de prison. Il n’a pas fait de déclaration lors de l’ouverture de son procès hier mais veut s’exprimer lors de la prochaine audience début septembre.