Niger
This article was added by the user . TheWorldNews is not responsible for the content of the platform.

Cameroun: la SNH réagit aux aveux de corruption Glencore qui la mettent en cause

La semaine dernière, le géant des mines Glencore a plaidé coupable de faits de corruption et de manipulation de marchés en Afrique et en Amérique latine. Ces aveux éclaboussent plusieurs pays du continent africain, dont le Cameroun. Où la Société nationale des hydrocarbures, la SNH, mise en cause par les aveux de Glencore, a réagi officiellement.

Après plusieurs années de procédure devant la justice américaine et britannique, le géant des mines et du négoce de matières premières a reconnu avoir dépensé des millions de dollars de pots-de-vin durant une dizaine d'années en Amérique du Sud et en Afrique. De l'argent versé à des agents de l'État pour obtenir ou garder des avantages et des contrats.

Glencore a annoncé la semaine dernière, le 24 mai, avoir plaidé coupable et accepté de payer des amendes aux États-Unis et au Royaume-Uni. D'autres actions en justice sont en cours en Suisse et aux Pays-Bas. Ces aveux éclaboussent plusieurs pays du continent africain. Parmi eux, le Cameroun. Où pour l'instant la seule réaction officielle des organes mis en cause, vient de la Société nationale des hydrocarbures, la SNH.

La compagnie nationale pétrolière du Cameroun indique dans son communiqué daté du 30 mai et signé par son directeur général, Adolphe Moudiki, avoir été « informée par voie de presse » des aveux de son partenaire Glencore. 

La SNH, chargée de négocier les contrats pétroliers et gaziers du Cameroun, déclare n'être « ni de loin, ni de près associée à de telles pratiques, strictement interdites », ajoute-t-elle « par son règlement intérieur. »

La Société nationale des hydrocarbures, dont le Conseil d'administration est présidé par Ferdinand Ngoh Ngoh, ministre d'État et secrétaire général de la présidence, affirme avoir saisi les autorités américaines et anglaises pour obtenir « les éléments qui permettraient d'établir la véracité de ces allégations. »

A lire aussi : Corruption: l'opposition camerounaise s'empare du dossier Glencore

Ces déclarations font bondir l'avocat Akere Muna, membre fondateur de Transparency International. Pour lui, c'est à Glencore que la SNH doit demander directement des comptes et, dès à présent, être transparente avec les Camerounais.

« Il doit dire aux Camerounais : "voilà les contrats que j'ai eus avec Glencore, ça met en cause tous les contrats que j'ai avec Glencore et ils vont nous dédommager". Et s'il vous plaît, à qui avez-vous donné l'argent ? On vous dit qu'on vous a volés, vous courrez regarder si vous avez perdu quelque chose. Quelqu'un dit "j'ai commis une fraude, j'ai corrompu." Mais la suite est facile ! »

Akere Muna a saisi vendredi dernier la Commission nationale anti-corruption de cette affaire. La CONAC n'a pas encore réagi formellement au courrier adressé par l'ancien bâtonnier de l'Ordre des avocats du Cameroun.

La Sonara, la Société nationale de Raffinage, également mise en cause par les aveux de Glencore, ne s'est pas exprimée officiellement. 

À l'Assemblée, une proposition de création d'une commission d'enquête parlementaire, déposée par le député d'opposition du Social Democratic Front (SDF), Josuah Osih, devrait être examinée par les députés dans le courant du mois de juin.

La présidente de l'Initiative internationale pour la transparence dans les Industries extractives (l'ITIE dont le Cameroun est membre, tout comme le groupe Glencore), Helen Clark, demande, elle, au gouvernement camerounais, ainsi qu'aux gouvernements de la Côte d'Ivoire, de la République démocratique du Congo et du Nigeria, « d'intervenir rapidement » pour examiner ces cas de corruption. « Des pratiques », écrit-elle dans une déclaration datée du 26 mai, « qui sapent la confiance du public » et « font perdre aux citoyens les avantages découlant de leurs ressources naturelles ». 

En effet, les aveux de Glencore pour des faits de corruption de fonctionnaires pour obtenir, garder des contrats ou éviter des audits gouvernementaux ne concernent pas seulement le Cameroun, mais aussi la Côte d'Ivoire, la RDC et le Nigeria.