Burundi
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Région Ouest/Cibitoke : Grognes des cotonculteurs de la plaine de l’Imbo

Éparpillés à travers les communes de Rugombo, Buganda et Gihanga, dans les provinces de Cibitoke et Bubanza, les agriculteurs de coton tirent à boulets rouges sur la Cogerco. Accusée de ne pas leur fournir à temps des intrants et l’argent issu de la vente de leurs récoltes, cette Compagnie de Gérance de coton parle de conjoncture économique difficile.

Dans presque tous les champs de coton situés dans la plaine de l’Imbo, c’est le temps des récoltes. Mais comme la plupart des cotonculteurs rencontrés le disent, la production est au plus bas niveau et ne cesse de baisser chaque année.

Comme raisons avancées à Rugombo : les agents de la Cogerco n’encadrent pas convenablement les agriculteurs de coton. Un sexagénaire qui possède un champ de coton approché, les accuse de négligence et même de vol.

Il explique que les produits phytosanitaires ne sont pas fournis à temps et en quantité suffisante. « Il n’y a pas de suivi encore moins d’entretien de nos champs », insiste-t-il.

Pour lui, la culture du coton exige beaucoup de sacrifices, même le cycle végétatif reste toujours long, au moins 6 mois. « Il faut de la patience si non, le risque est grand de perdre tout courage surtout qu’il est interdit d’associer le coton avec d’autres cultures comme le haricot ou le maïs », se désole-t-il.

Même son de cloche pour un autre octogénaire de Buganda, il affirme avoir une expérience d’un demi-siècle, il se rappelle la bonne époque où tous les champs de coton étaient aspergés de produits phytosanitaires par de petits avions. « Ces derniers effectuaient ce travail d’un laps de temps par des rotations dans les airs et à notre grande satisfaction », martèle-t-il en nous montrant les grandes étendues de terres où était jadis cultivé le coton.

Nostalgique, ce père d’une fratrie de 8 enfants et autant de petits-enfants raconte qu’à cette période ces avions étaient ravitaillés en permanence et toutes les opérations d’entretien se passaient sur place. « Nos champs étaient bien entretenus et des visites de routine étaient régulièrement effectuées par les autorités du ministère de l’Agriculture », se rappelle-t-il avec un brin de regret.

Non loin de la commune Gihanga, en province de Bubanza, la situation est presque la même et des lamentations ne manquent pas. Selon un cultivateur rencontré sur la colline de Kagwema, c’est à défaut d’alternatives qu’il est contraint de planter le coton.

Il dénonce en outre le prix très dérisoire d’après ses mots qui est de 800 francs burundais par kilo. Pour être précis, il donne l’exemple d’un champ de 2 hectares qui apporte moins de 500 mille francs burundais alors que c’était le cas dans le passé où la même superficie avec un bon encadrement, le rendement était de 2 millions de francs burundais.

« A cette époque, pour motiver les agriculteurs, des primes d’encouragement étaient octroyées et des compétitions pour récompenser les cotonculteurs étaient organisées dans toute la plaine de l’Imbo pour choisir les meilleurs cotonculteurs », insiste-t-il avec sourire.

Dans l’ensemble, les cotonculteurs contactés dans ces 3 communes exhortent la Cogerco à redoubler d’effort pour assurer un bon encadrement des agriculteurs et un suivi permanent des champs.

Les mêmes cotonculteurs demandent à cette compagnie d’octroyer des produits phytosanitaires en quantité et en qualité suffisante et de disposer des techniciens agricoles pour suivre les champs dès la récolte.

Le directeur général de cette entreprise reconnaît la baisse significative de la production du coton ces derniers jours suite aux aléas climatiques. D’après Gustave Majambere, la saison sèche s’est prolongée et il y a des champs qui ont été endommagés par des inondations.

Mais il tient à tranquilliser les agriculteurs en faisant savoir que des descentes sur terrain seront incessamment organisées pour écouter leurs doléances afin d’y apporter des solutions adéquates.

Le directeur général de la Cogerco ajoute également que le prix par kilo de coton va être bientôt revu à la hausse pour encourager les agriculteurs. Il menace enfin de « sanctions sévères certains techniciens qui ont perdu toute déontologie, qui non seulement, brillent par l’incompétence mais également s’adonnent au vol ».