Burundi
This article was added by the user . TheWorldNews is not responsible for the content of the platform.

Le chemin est encore long

Une croisade de prières et d’actions de grâce de 4 jours est en cours, en commune Mutimbuzi de la province Bujumbura, pour célébrer le 3ème anniversaire du président Evariste Ndayishimiye à la tête du Burundi. Une occasion pour le faire le bilan. Les avis sont partagés. Pour le Chef de l’Etat et ses soutiens, le bilan est largement positif. Pour d’autres, c’est un bilan mitigé.

Par Fabrice Manirakiza

« Dans notre pays, la population a besoin de tout et en même temps suite à plusieurs années de crise. Aujourd’hui, nous nous réveillons avec beaucoup de besoins. Les lamentations sont nombreuses et je comprends », a déclaré le président Evariste Ndayishimiye lors du lancement de cette croisade de prières, ce mercredi 21 juin 2023 à Maramvya en commune Mutimbuzi.

Pendant plus d’une heure, il a prêché avec plusieurs références bibliques. Le chef de l’Etat a remercié le Seigneur pour l’avoir inspiré dans le choix de ses proches collaborateurs. Il a remercié le Vice-président de la République, le Premier ministre, les parlementaires, les ministres.

Une mention spéciale a été faite à son épouse. « C’est la première fois qu’en trois ans, une femme, soit reconnue par les Nations unies pour ses œuvres. » Il s’est félicité également : « Je ne peux pas ne pas me féliciter, car mes œuvres sont reconnues par la communauté internationales. J’ai fait le point aujourd’hui, et je me rends compte que je dirige trois institutions en Afrique. De plus, le Burundi dirige la présidence de la communauté Est africaine, sa Cour de justice ainsi que son Assemblée législative. »

Le président a fait référence au roi Saül. « Dieu a regretté d’avoir intronisé Saül comme roi. Ce dernier a mis en avant les biens terrestres en oubliant les lois divines. »

Le président parle de ses réalisations

Lors d’une émission spéciale, ce 18 juin 2023, le président de la République a fait une auto-évaluation de ses 3 années à la tête du pays. Un bilan largement « positif. » Dans le domaine des infrastructures, le président Ndayishimiye a fait savoir que 75 hôpitaux communaux ont été construits au cours de cette période. « Avant, on ne pouvait pas inviter des chefs d’Etat, car il n’y avait pas un endroit décent pour les accueillir. Aujourd’hui, nous avons construit une salle de conférence. » Il a cité la construction d’un un palais présidentiel à Gitega, le stade Intwari aux normes internationales, la réhabilitation de la route Bujumbura-Gitega ainsi que d’autres routes, ainsi que la construction du marché de Kamenge. « Nous sommes sur une bonne lancée, mais ce n’est pas suffisant, car les moyens nous font défaut. »

Concernant le secteur énergétique, le président de la République a souligné l’acquisition du barrage de Ruzibazi en province Rumonge. « D’autres barrages sont en train d’etre construits comme Kabu 16, iji- Mulembwe. »

Le président de la République n’a pas voulu s’appesantir sur les pénuries récurrentes des produits pétroliers. « La question du carburant est complexe. Travailler avec des hommes d’affaires en manque d’esprit patriotique, c’est comme travailler avec des traîtres. Ils te racontent des mensonges. »   

D’après le numéro Un burundais, la question de la thésaurisation de la monnaie est en train de trouver une solution. « J’ai compris qu’il y a des gens qui n’aiment pas leur pays. »

Il n’a pas oublié le secteur minier. Le Président a reconnu que le gouvernement a travaillé avec des voleurs. « Par exemple, des gens sont venus et ils ont emporté nos terres rares. Comment quelqu’un peut prendre 400 tonnes sous les yeux des dirigeants ? » D’après lui, des sociétés sont en train de naître et elles vont créer beaucoup d’emplois.

Le chef de l’Etat se réjouit que des étrangers recommencent à visiter le Burundi. « Allez sur la plage, vous les verrez. Mais le chemin est encore long. Il faut les inciter continuellement à investir au Burundi. »

Le président Ndayishimiye assure qu’il y a un changement concernant la bonne gouvernance. « Aujourd’hui, les voleurs ont peur de moi. Beaucoup de personnes ont été attrapées et punies. Où pensez-vous que nous avons trouvé l’argent pour construire le stade. Dernièrement, quelqu’un a payé plus de 230 millions de BIF. Je suis en train de peaufiner une stratégie pour que je sois au courant lorsque quelqu’un vole. C’est honteux que les gestionnaires de la chose publique soient en même temps voleurs. »

Sur le plan politique, Evariste Ndayishimiye affirme qu’il n’y a pas d’exclusion. Selon lui, il ne considère pas les partis en octroyant des postes. « Je n’ai pas le temps de vérifier si c’est un membre du CNL ou d’un autre parti. »

Des promesses tenues et non tenues

Pension, retraite, hôpitaux communaux, dialogue permanent entre le gouvernement et les partis politiques, respect des droits de l’Homme …Le président Evariste Ndayishimiye a fait plusieurs promesses lors de son discours d’investiture. Promesses tenues ?

Le 18 juin 2020, lors de sa prestation de serment, le chef de l’Etat a déclaré : « Nous allons renforcer le dialogue entre tous les Burundais sans exception. Il y avait déjà le Forum des Parti Politique, nous allons initier un dialogue permanent entre le gouvernement et les partis politiques pour que chacun puisse avoir l’opportunité de donner sa contribution au développement du pays. Nous ne souhaitons pas que les politiciens soient en perpétuelles disputes infructueuses dans un pays démocratique. » Et d’ajouter : « Les partis politiques, les associations de la société civile ou les indépendants, doivent jouir de leur droit d’expression et être redevable au gouvernement du Peuple, œuvrant au plus près de tout un chacun. »

Pour le président du parti CNL, Agathon Rwasa, arrivé 2ème lors des dernières élections, c’est un leurre. « Où est cette ouverture de l’espace politique alors qu’on n’a fermé nos permanences et que le ministre de l’Intérieur prend des mesures comme il veut ? »

Il avait déclaré que : « Dans le domaine de la santé publique, il est impératif que chaque Burundais ait un accès facile aux soins de santé, au personnel médical et aux traitements. Nous allons œuvrer au rapprochement géographique des infrastructures de santé au niveau collinaire et doter chaque commune d’au moins un Hôpital digne de ce nom. »

Polycarpe Ndayikeza, porte-parole du ministère de la Santé publique, fait savoir que sur 119 communes, 72 centres de santé ont été transformés au cours de ces 3 années, pour devenir des hôpitaux communaux. « 42 sont déjà transformés et ont reçu des ordonnances ministérielles qui changent leur statut. » Il indique que chaque hôpital communal a reçu 2 médecins. Certains citoyens se lamentent que les médecins sont partis après. « C’est vrai. Plus de 80 médecins sont partis, mais ils ont été remplacés. La mobilité du personnel est normale. »

La pension de retraite, un fiasco ?

Le chef de l’Etat avait promis aux retraités de toucher une pension égale au minimum au dernier salaire du retraité, mais cette promesse tarde à se concrétiser. « Est-ce que c’est le président de la République qui calcule les salaires ? Les Burundais se comportent comme des enfants. Ces derniers ne comprennent pas que leur père n’a pas de moyens. Je ne peux pas aller à l’INSS ou à l’ONPR pour faire des calculs. J’ai donné l’ordre. Pourquoi ils ne le font pas ? », a martelé le président Ndayishimiye lors de l’émission spéciale.

Une commission technique d’analyse, mise en place par la Primature, a considéré que le budget de l’Institut national de sécurité sociale (INSS) est insuffisant pour envisager la réforme des retraites. Chadrack Niyonkuru, vice-directeur au Cabinet du Premier ministre a indiqué, le 1 février 2022 lors de la réunion dédiée à la validation du rapport de la Commission chargée d’analyser les réformes dans le secteur de la sécurité sociale, que les résultats de l’analyse montrent que plus de la moitié des employeurs n’ont pas cotisé pour leurs employés de 2010 à 2020. Parmi les obstacles qui mettent un frein aux réformes sur la retraite, d’après lui, ce sont notamment les arriérés des cotisations à l’INSS estimées à 119.915. 347.302 BIF. « L’INSS ignore même si les employeurs qui n’ont pas cotisé existent toujours ». Les résultats ont montré une dette de 379.163. 035 BIF contractée par certains employés et cadres de l’INSS qui n’y exercent plus. Sans oublier que d’après le même rapport, l’INSS réclame à l’Etat une dette de 31. 412.752.781 BIF jusqu’au 31 octobre 2021. Le Directeur Général de l’INSS a déploré qu’au niveau des loyers, 91 % des dettes soient dues par l’Etat alors qu’elles sont de 9 % chez les privés. « Les réponses devraient commencer par-là. »

Le gouvernement avait promis de mûrir le système actuel de l’Education pour mieux équiper et préparer les jeunes à la vie professionnelle. Dernièrement, lors de l’étude du projet de loi portant fixation du budget général de l’Etat exercice 2023-2024, les députés ont déploré qu’on ait alloué une somme de 131 millions BIF à la rubrique « fourniture scolaire et pédagogique ».

Réactions

Révérien Ndikuriyo : « Nous apprécions les projets de développement qui sont en train d’être menés »

Le parti Cndd-Fdd ne tarit pas d’éloges sur le chef de l’Etat. Dans un communiqué rendu public ce lundi 19 juin, le parti de l’Aigle se félicite de l’étape franchie en matière de sauvegarde de la paix, la sécurité et le respect des droits de l’Homme dans le cadre de la quadrilogie (Administration-Population-Justice-Forces de l’Ordre). La formation politique dirigée par Révérien Ndikuriyo estime que le pays se reconstruit à vitesse grand V et que cela donne de l’espoir en un avenir meilleur.

Le parti présidentiel dit apprécier les projets de développement qui sont en train d’être menés dans le pays ce qui, d’après ce parti, donne des ailes à la population particulièrement les jeunes et les femmes. Partant de là, le parti Cndd-Fdd dit observer l’émergence de projets innovants qui amèneront le peuple au développement.

Le parti au pouvoir salue le fait que des secteurs comme l’agriculture et l’élevage, souvent pris comme des activités du bas peuple, soient aujourd’hui plébiscités par les couches instruites et la jeunesse. « Cela montre que tout ce monde-là a compris le slogan du président de la République : ‘’Que chaque bouche ait de quoi se nourrir, que chaque bourse dispose d’argent pour satisfaire aux besoins’’ ».

Le parti Cndd-Fdd dit aussi encourager l’engagement du président Evariste Ndayishimiye à combattre ceux qui détournent, les fonds publics.
Le parti de l’Aigle salue aussi le bilan en termes d’infrastructures : construction des routes, ponts, salles de conférences, hôpitaux communaux, terrains de sport modernes, hôtels …

Cette formation politique appelle tous les Burundais sans exception à soutenir ‘’le père de la Nation’’.

Olivier Nkurunziza : « Le résultat de ce dialogue politique, nous le verrons dans la préparation des élections»

Selon le président du parti Uprona, la paix et la sécurité sont une réalité au Burundi, les droits de l’Homme sont respectés et le président de la République a totalement réussi sur le plan diplomatique. « Il a prêté serment alors que le Burundi était totalement isolé, il y avait des sanctions économiques de la part de l’Union européenne, le Burundi était sur la table du Conseil de sécurité des Nations unies. Il a enclenché une ouverture. Il y avait aussi la crise avec le Rwanda, mais aujourd’hui il y a un réchauffement des relations. C’est un bilan largement positif. »

Au niveau de l’économie, poursuit-il, il avait promis aux Burundais d’avoir à manger et que chaque poche aura de l’argent. « Aujourd’hui, ça serait un mensonge de dire que le président a atteint son objectif. Sur les marchés, les produits sont exorbitants. Il y a un manque du carburant. Le président de la République explique que ce sont les gens qui le sabotent. Cela a handicapé l’objectif d’atteindre sa promesse. »

Olivier Nkurunziza reconnaît qu’il y a des manquements au niveau de la justice. « Les investisseurs ne peuvent pas venir s’installer au Burundi lorsqu’il n’y a pas une justice saine. La population a aussi besoin d’une justice sociale. » Le président de l’Uprona fait savoir que le président a honoré la promesse de rencontrer les partis politiques. « Nous avons essayé d’analyser avec lui des questions économiques et sociales. Il a demandé la contribution des présidents des partis politiques, mais il y a toujours des problèmes. Le résultat de ce dialogue politique, nous le verrons dans la préparation des élections. »

Jean de Dieu Mutabazi : « La mise à l’écart de son ancien Premier ministre a beaucoup redynamisé le gouvernement au bénéfice du peuple burundais »

« Une évaluation n’est pas toujours aisée parce qu’il y a des hauts et des bas. Au niveau économique, le régime Ndayishimiye a le mérite d’avoir pris conscience des retards et des défis au niveau du développement et s’est doté d’une vision « 2040 pays émergeant, 2060 pays développé » en vue de rattraper le retard et réduire sensiblement l’écart qui a été observé », indique le président du parti Radebu. Après avoir identifié toutes les opportunités que le Burundi offre, poursuit-il, le président Ndayishimiye a fixé des piliers de sa vision et s’est donné des objectifs stratégiques à réaliser avec des mécanismes pour mettre en œuvre sa stratégie.

Selon M. Mutabazi, la paix et la sécurité règnent dans les 18 provinces depuis 3 ans et la liberté d’expression et les libertés politiques sont une réalité. « L’opinion nationale et internationale aura retenu également deux ans de mauvaise cohabitation entre le président de la République et son ancien Premier ministre. Cette dernière a causé beaucoup de préjudices au niveau politique, économique et sociale. Un bon divorce vaut mieux qu’un mauvais mariage. Le fait que l’ancien Premier ministre ait été démis de ses fonctions a été une bonne chose pour la société burundaise. »

En diplomatie, Jean de Dieu Mutabazi salue la levée des sanctions. « Durant ces 3 années, une confiance a été accordée au président Ndayishimiye par l’East African Community, l’Union africaine ainsi que la COMESA.» Jean de Dieu Mutabazi salue aussi la reconnaissance du génocide contre les Hutu en 1972. Il salue aussi le fait que la Cour suprême a cassé le jugement rendu par le Conseil de guerre en 1972.

Abdul Kassim : « Nous notons une volonté manifeste de redresser l’économie du pays»

Pour le président du parti UPD-ZIGAMIBANGA, le bilan du Président Evariste Ndayishimiye est largement positif. « Nous notons une volonté manifeste de redressement de l’économie du pays. En matière diplomatique, c’est une réussite. Nous attendons évidemment les retombées positives avec la reprise des financements et un retour massif des visiteurs étrangers qui va entraîner l’occupation maximale du secteur touristique et hôtelier. » Abdul Kassim souhaite également le retour de tous les réfugiés burundais.

Néanmoins, le parti UPD-ZIGAMIBANGA déplore les perturbations dans l’approvisionnement du carburant. Le Parti UPD-ZIGAMIBANGA se dit heureux que la CVR et le parlement aient qualifié de Génocide les massacres de 1972 et que la justice ait à son tour annulé les jugements expéditifs contre les populations Bahutu qualifiées de Bamenja.

En ce qui est de l’exercice des droits politiques, souligne Abdul Kassim, le président Ndayishimiye a bien tenu sa promesse. « Nous déplorons seulement que certains administratifs à la base s’adonnent à des recrutements forcés et entravent l’exercice politique des partis. »

Kefa Nibizi : « Le bilan de son mandat est mitigé »

« Il a été caractérisé par des discours forts, contenant beaucoup de promesses et d’engagements notamment pour la lutte contre la corruption, la bonne gouvernance et le développement socio-économique de notre pays. Mais quand on regarde les réalisations, elles ne vont pas à la même allure que ses déclarations », indique le président du parti Codebu. Selon lui, certaines réalisations traînent, d’autres sont mal faites à tel point qu’on risque de dire qu’elles ne sont pas à la hauteur des attentes.

Il donne l’exemple de la bonne gouvernance qui semble être le fer de lance de ce septennat. « Nous avons senti un engagement très fort à travers les discours du président de la République, et par ailleurs certaines réalisations ont été faites notamment la destitution et l’emprisonnement de certaines autorités accusées de malversations économiques. » Toutefois, souligne-t-il, nous avons entendu qu’il y a des gens qui ont dilapidé les biens publics et qui remettent l’argent détourné sans qu’ils soient emprisonnés ni destitués.

Un autre défi, selon M. Nibizi, est que la majorité des membres du gouvernement, du bureau de l’Assemblée nationale et du Sénat piétinent régulièrement la Constitution et la loi anti-corruption en refusant de déclarer leurs avoirs. « . La récente déclaration des plus hautes autorités invitant les gens qui ont détourné des deniers publics à les retourner gracieusement et les remettre sur un compte indiqué montre combien l’Etat ne veut pas utiliser ses organes notamment les appareils judiciaires pour traquer les détourneurs des biens publics. »

Concernant la politique et les droits de l’homme, Kefa Nibizi se dit satisfait que le Burundi ait repris sans place dans le concert des Nations. « Nous déplorons que l’Union européenne n’ait pas encore débloqué l’aide directe. Peut-être que certaines conditionnalités n’ont pas encore été remplies. Il faudra aussi noter que les discours de haine qui étaient lancés par les militants de certains partis politiques ont diminué sensiblement, mais l’espace politique reste verrouillé notamment au niveau des communes et collines. »

Concernant les droits de l’homme, il y a un léger mieux, mais des emprisonnements arbitraires qui continuent. Concernant le dialogue entre le gouvernement et les parties politiques, il constate une avancée même si des manquements ne manquent pas. « Il y a des collaborateurs du chef de l’Etat qui ne facilite pas cette avancée. » Il déplore que les partis politiques n’aient pas été suffisamment consultés sur certaines lois notamment le découpage administratif. « La promesse a été largement tenue, mais il faut déplorer qu’il y ait des manquements qui sont peut-être causés souvent par l’inattention ou par un manque de volonté des collaborateurs du chef de l’Etat. »

Aloys Baricako : « Nous l’encourageons à initier sa propre politique et non celle de son prédécesseur »

« Il avait promis un dialogue avec toutes les couches sociales, on peut le féliciter à ce niveau, car il a essayé de le faire. L’espace politique s’est un peu amélioré du moins au niveau central c’est-à-dire au niveau du ministère de l’Intérieur, des provinces et des communes. Mais quand vous descendez à la base au niveau des collines, c’est catastrophique », confie le président du Rassemblement national pour le changement (Ranac). D’après lui, les membres du parti au pouvoir ne permettent pas aux autres partis au pouvoir de s’épanouir et de jouir de leurs droits politiques. « C’est une chose à corriger. »

Au niveau économique, Aloys Baricako trouve que le président s’est heurté à des résistances. « Le carburant se fait rare. La monnaie burundaise n’est pas stable. Les devises manquent. Il essaie de prendre des mesures, mais ce sont des mesures qui ne trouvent pas de solutions aux problèmes que les Burundais rencontrent. »

Ce qu’on peut apprécier, indique M. Baricako, c’est au niveau des infrastructures de l’Etat. « Il y a des maisons qui sont en train d’être construites ici et là où les institutions de l’Etat peuvent travailler. Il y a des routes qui sont en train d’être réhabilitées. Mais, il y a un long chemin à parcourir. »

Aloys Baricako félicite le président Ndayishimiye pour sa politique extérieure. « Nous l’encourageons d’évoluer et d’initier sa propre politique et de ne pas continuer avec la politique de 2015 à 2020 de son prédécesseur. » Concernant le dialogue avec les partis politiques, Aloys Baricako reconnaît qu’il y a des avancées. « Lors de la retraite, de Gitega, nous avons eu des thématiques sur lesquelles il faut trouver des solutions. Nous avons fait un document de 60 pages et que nous avons transmis à la présidence pour analyse, car il avait besoin des contributions. »

Il demande au président de la République de continuer le dialogue avec les politiciens et les activistes de la société civile qui sont à l’extérieur. « La crise de 2015 est avant tout une crise politique et il faut la régler politiquement. C’est une crise qui résulte d’un malentendu dans l’interprétation de la Constitution. »

Hamza Venant Burikukiye : « Son bilan est très positif et inspire confiance et espoir »

Selon le représentant légal de Capes+, le bilan du président Ndayishimiye est non seulement « très positif, mais aussi inspire confiance et espoir. »

D’après lui, il y a eu une évolution positive en matière des droits de l’homme en témoigne sa détermination de faire de la justice son bâton de combat.
D’après M. Burikukiye, le président Evariste Ndayishimiye a respecté sa promesse de marcher avec tout Burundais pour développer la nation. En rapport avec la réforme de la justice, Il trouve que le chemin reste encore long. « Ce qui encourage et fait espérer un lendemain meilleur dans ce secteur est cette volonté et l’engagement manifeste du chef de l’Etat. Avec l’implication de tous les responsables à chaque niveau de rendre justice, on nourrit déjà l’espoir de succès de cette réforme. »

Gustave Niyonzima : « Une reprise des relations politiques envers certains pays voisins et occidentaux »

Sur le plan diplomatique, cet activiste des droits humains note une reprise des relations politiques envers certains pays voisins et occidentaux avec une volonté manifeste de ramener l’attachement des valeurs de fraternité, de coopération mutuelle et de complémentarité dans la coexistence des nations. « Son arrivée au pouvoir a nourri l’espoir d’un rapprochement entre ces pays et le Burundi, lequel rapprochement avait été rompu subsidiairement à la crise politique de 2015. »

Sur le plan des droits de l’Homme, Gustave Niyonzima indique que des atrocités de masse et des crimes contre l’humanité commis principalement par des préposés de l’Etat continuent de se perpétrer. « Ils continuent de se rendre chefs des exécutions sommaires, des emprisonnements arbitraires et illégaux, des assassinats ciblés, des actes de torture et d’autres traitements cruels, inhumains ou dégradants. » Selon lui, l’épanouissement de l’espace public, de la liberté des associations et de la liberté d’opinion ou d’expression demeure verrouillé. Il déplore de nouvelles exclusions à l’égard du parti CNL d’Agathon Rwasa qui sont révélatrices d’une impasse politique pouvant survenir.

Thierry Ingabire : « Le gouvernement a compris qu’une jeunesse non occupée est une jeunesse dangereuse »

Le président national du Conseil national de la jeunesse du Burundi (CNJB) se réjouit que le gouvernement ait initié et mis en œuvre divers programmes ou institutions qui visent essentiellement le renforcement de l’employabilité des jeunes, l’autonomisation économique des jeunes et le renforcement de leurs capacités entrepreneuriales. « En mettant en œuvre les programmes qui soutiennent les initiatives de développement des jeunes à savoir la Banque d’Investissement des Jeunes (BIJE), le Programme d’Autonomisation Economique et d’Emplois pour les Jeunes (PAEEJ) (32 milliards de BIF pour le prochain budget 2023-2024, ndlr), l’Agence Burundaise pour l’Emploi des Jeunes (ABEJ), le Fond d’Impulsion de Garantie et d’Accompagnement (FIGA), le gouvernement a compris qu’une jeunesse non occupée est une jeunesse dangereuse. »

Il se réjouit également que le début de l’année 2023 a également été marqué par la ratification de la charte africaine de la jeunesse.

Eulalie Nibizi : « Les promesses faites lors de l’investiture ne sont pas encore réalisées »

Cette activiste des droits humains trouve qu’après 3 ans, le système éducatif souffre toujours des mêmes maux que ce soit au niveau de la planification, le financement et la mise en œuvre des programmes issus des réformes, l’accès et la qualité de l’éducation, le respect des droits des enseignants… « Au niveau de la gouvernance : le système souffre d’une planification en catastrophe forcée par les intentions politiques du parti au pouvoir. Corriger cela en 3 ans n’est pas facile. » De plus, indique-t-elle, le système manque des financements, car le Burundi n’est pas en accord avec les partenaires sur les questions de bonne gouvernance et de respect des droits de l’Homme. « Le peu de moyens disponible est mal gère et l’appareil judiciaire n’est pas indépendant et performant pour demander des comptes aux mauvais gestionnaires. Les espoirs nourris les 3 dernières années de voir des réformes s’évanouissent du jour au jour. » Et d’ajouter : « Le budget alloué à l‘éducation spécialement en matière de formation continue des enseignants et des gestionnaires et en construction des infrastructures est détourné en toute impunité. En bref, le budget alloué au système éducatif est toujours insuffisant, car il ne tient pas compte de la population. »

Toutefois, Eulalie Nibizi note quelques avancées et quelques espoirs : les Etats généraux de l’éducation tenus en 2022 sont une volonté de réfléchir sur les défis et recevoir des partenaires des propositions d’amélioration, quelques partenaires reprennent leurs appuis qui doivent être encouragés par les réformes nécessaires en matière de bonne gouvernance administrative et budgétaire, le programme de formation continue des enseignants du fondamental.

En autres suggestions, elle préconise la dépolitisation de l’école, évaluation des compétences des gestionnaires du système éducatif, mis en en place les cadres et déployer les moyens pour mettre en œuvre les recommandations issues des Etats Généraux de l’Education de juin 2022 …

Gérard Hakizimana : « Pour ses réalisations, le président mérite une meilleure note »

Gérard Hakizimana, président de l’organisation, force de lutte contre le népotisme et le favoritisme au Burundi FOLUCON-F salue la réalisation d’Evariste Ndayishimiye durant les trois ans de sa magistrature suprême. « Notre organisation tient à le féliciter. Il fait beaucoup de choses. Personne n’est parfait, il y a ceux qui ont à critiquer, ce qui est normal dans la démocratie. Pour ses réalisations, le président mérite une meilleure note».

Selon lui, le président a réalisé beaucoup de choses. Il a permis, dit-il, le renforcement et le respect des droits de l’homme.  « Au cours d’un mandat dans certains pays, il y a un manque de la justice. Mais, lui, il a appelé à une justice indépendante et que les juges ne soient soumis à aucune injonction ».

Gérard Hakizimana affirme que des défis persistent, mais salue la volonté politique qui anime Evariste Ndayishimiye.

Pour M. Hakizimana en matière de bonne gouvernance, le président est dans le combat contre la corruption et les malversations économiques. « Il y a des gens qui sabotent l’économie pour maintenir le pays dans la pauvreté. Le président est à l’œuvre ». 

D’après lui, le président Ndayishimiye a mis en avant l’entrepreneuriat des jeunes et femmes. Cela se traduit, explique-t-il, par la mise en place de la banque d’investissement des jeunes, BIJ et la banque d’investissement pour les femmes.  Evariste Ndayishimiye a fourni d’effort pour assainir les relations diplomatiques avec la région et le monde. Sous sa présidence, fait-il savoir, le Burundi a redoré son image et est revenu sur la scène dans la sphère internationale.

Il salue l’ouverture aux partis politiques.  Il invite les hommes politiques de l’opposition à son palais. « C’est le renforcement de la démocratie. Les défis ne manquent pas dans l’organisation interne. C’est à eux de s’assainir leurs relations dans leurs partis comme je le ferai dans l’organisation que je représente ».

Gabriel Rufyiri : « Sans la bonne gouvernance, c’est difficile que l’on puisse avancer »

« Au Burundi, il y a un grand problème. Tout est politisé. Il n’y a pas de différence entre l’administration et la politique. Dans l’esprit de la mise en place des secrétaires permanents au niveau des ministères, ça devrait être des gens recrutés sur base de leurs compétences avec des charges claires définis avec des résultats. Mais la politique a dominé », indique le président de l’Olucome. « C’est pour cette raison que vous voyez au niveau des marchés publics, au niveau de l’administration, tout foire à cause de ce problème. Si vraiment le président veut aller loin, il doit dépolitiser l’administration. » Gabriel Rufyiri fait savoir que le premier obstacle de la mise en œuvre du budget-programme et d’autres politiques que le président Ndayishimiye est en train de mettre en place, c’est entre autres défis une administration politisée.

Le président de l’Olucome insiste sur la bonne gouvernance. « On a toujours insisté à ce qu’il y ait un 6ème pilier au niveau de la vision ‘’2040, Burundi émergeant et 2060 Burundi développé’’. Sans la bonne gouvernance, c’est difficile que l’on puisse avancer. Je dirais que c’est le nœud de tous les problèmes que le Burundi a connu. Ce sont l’égoïsme, l’individualisme et d’autres mots connexes qui ont émaillé notre histoire récente et même ancienne. » Gabriel Rufyiri trouve que l’espoir n’est pas perdu. « Nous pensons que l’on pourra construire cet espoir avec la volonté. »

Marie-Louise Baricako : « Il faut encore joindre les actes à la parole pour faire éclore ce Burundi paisible »

« La prestation du président Evariste Ndayishimiye depuis ces trois dernières années nous laisse sur notre soif lorsque nous considérons toutes les promesses faites dans son discours d’investiture et ses autres interventions par la suite. Il faut encore joindre les actes à la parole pour faire éclore ce Burundi paisible, réconcilié, uni, prospère et développé dont nous rêvons tous et qu’il nous a promis lorsqu’il prenait ses fonctions », réagit cette activiste des droits humains. « En ce qui concerne le respect des droits humains, la première chose que les Burundais attendaient du président Ndayishimiye et qu’il avait promise, c’était l’éradication de l’impunité. Cependant, comme à l’époque de son prédécesseur, la situation n’a pas changé. Les droits humains sont gravement et massivement violés en silence, pendant que le président continue de prononcer ses propos positifs et prometteurs. »

Selon Marie Louise Baricako, le président avait pourtant promis que les droits humains seraient strictement respectés. « Il a même ordonné la libération des prisonniers, qui jusqu’aujourd’hui ne sont toujours pas sortis de prison, comme si sa parole ne faisait plus force de loi. Force est de constater que les instructions données au Procureur restent sans suite et le président n’en fait rien. »

D’après cette activiste, le président n’a pas tenu la promesse d’écouter les organisations de défense des intérêts des citoyens. « Elles ne se limitent même pas aux critiques seulement, elles font aussi des recommandations et des propositions d’actions. Malheureusement, personne ne les écoute. Ce n’est pas que ces organisations en exil ont choisi l’exil, c’est juste parce que les conditions requises pour qu’elles puissent rentrer et contribuer à la reconstruction de leur patrie ne sont pas encore mises en place. »

Elle déplore les violences sexuelles et basées sur le genre que subissent les femmes et les filles burundaises de tous âges, y compris dans les écoles, actuellement en toute impunité alors que le président avait promis de s’assurer que les droits humains seront strictement respectés.