Burundi
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La chute de l’Aigle royal de Rutana

Il était au sommet de sa gloire, il ne le cachait pas, il le montrait pour ne pas dire qu’il l’étalait. Il était craint, et il le reste, voire redouté dans la vie professionnelle jusqu’à son éviction mercredi 7 septembre quand l’Assemblée nationale a approuvé un nouveau Premier ministre.

Coup de tonnerre au Palais des Congrès de Kigobe. La population burundaise était à bout de nerfs, le chef de l’exécutif burundais ne l’était pas moins, la tragi-comédie avait trop duré, ses révélations, ses avertissements, ses dénonciations sur un ton plaintif, ses ultimatums, ses coups de colère suivis de contre-attaques verbales, avaient atteint leur paroxysme. Aujourd’hui, tout cela c’est du passé … Disons du passé récent, ce genre de passé qui ne passe pas, toujours présent.

D’ailleurs la récente démolition par les Forces de l’ordre de quelques guérites devant une de ses villas, suivie par le retrait de certains agents assurant la garde, a fait le buzz sur la toile. Il y a même de tweets devenus, viraux émanant probablement de faux comptes, s’en prenant à cet ’’ancien haut dignitaire tombé de son piédestal’’.

Inspirant la peur malgré les dehors d’un homme plutôt bienveillant, aimant, l’homme aux initiales chromées, AGB, gravées sur ses SUV, savait se faire respecter. L’homme aux multiples villas ou palais, inaugurés en grande pompe, était respecté au maquis, toutes les photos le montraient aux côtés des ténors de la lutte armée.

Ces compagnons de lutte formeront plus tard un cercle fermé de généraux, une force redoutable, un vrai pouvoir exécutif, des décideurs de haut niveau qui ont le dernier mot sur tout. Attention aux couacs ou aux intérêts en concurrence ou antagonistes, sous l’influence des autres cercles concentriques autour du premier.

La montée avait été fulgurante, un véritable envol, tout en classe et en finesse, franchissant des hauteurs ou gravissant les échelons et amassant quelques fortunes au passage, une pratique plus ou moins partagée par des sortes d’oligarques burundais.

Bien que l’ex-Premier ministre se soit arrangé pour se faire plusieurs parachutes dorés, l’étau semble se resserrer contre lui, c’est notamment suite à la décision du Département d’Etat américain de réactiver les sanctions contre cet homme. La mesure est tombée trois mois après avoir quitté la primature.

Abbas Mbazumutima

Son nom, il n’est pas le seul, faisait partie d’une ‘’blacklist’’ de personnalités burundaises sous sanctions pour leur responsabilité alléguée dans la crise politico-sécuritaire de 2015. Au mois de novembre 2021, le président américain Joe Biden a mis fin à ces sanctions.
Washington les accusait et accuse encore certaines d’entre elles d’avoir été personnellement impliquées dans ’’de graves violations des droits humains au Burundi’’, notamment au cours de la répression des manifestants et autres personnalités opposés à la candidature de feu président Pierre Nkurunziza en 2015.