Burundi
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Billet | « Maconco »

Les billets d'Antoine Kaburahe

Par Antoine Kaburahe

Discours très fort tenu lors des cérémonies d’ouverture de l’année judiciaire 2022-2023 à Gitega. Le Chef de l’Etat a accusé, sans le nommer , un homme de préparer un « coup d’Etat ».

Le Kirundi est une langue riche en métaphores et autres proverbes. Très souvent, notre langue suggère et laisse l’interlocuteur deviner. Parler directement (kududurirako) n’est pas bien vu, on nous l’a seriné depuis que nous étions petits. Les étrangers sont souvent déroutés par notre manière de nous exprimer. Mais pour nous les Burundais, « umugani ugana akariho .» (Le conte et/ou le proverbe racontent la réalité).

Le Président rappelle donc l’histoire de « Maconco ». La charge, la comparaison est lourde de sens. Il ne faut pas être historien pour savoir que « Maconco » renvoie au rebelle cupide, éternel insatisfait. Ce Prince à qui le roi Mwezi Gisabo avait tout donné : le pouvoir, et même sa propre fille. Mais avide, Maconco lorgnait vers le trône royal.

Remplacez « royaume » par « république » et tout s’éclaire. A l’instar de Maconco de notre histoire qui lance une rébellion contre le roi, le « Maconco » actuel prépare « un coup d’Etat », a accusé le Président burundais.

La fin de Maconco historique est violente, tragique : le traître est défait, tué. Le roi Mwezi sort vainqueur de ce bras de fer. Selon le Président Ndayishimiye, le sort de « Maconco » actuel est déjà scellé : il sera défait. Le ton est martial. Le Président rappelle son grade militaire : « Qui peut menacer un Général de coup d’Etat  », demande -t-il. Un brin mystique, il affirme avoir « Dieu de son côté ». Il est donc paré pour la guerre, s’il le faut. « Qu’il vienne m’affronter. Au nom de Dieu,  je le vaincrai ».

On remarquera que dans tout son discours, le Président burundais ne précise jamais le nom de « Maconco », dont la trahison est pourtant connue et l’échec prédit.

En cela, le Président Ndayishimiye s’inscrit dans cette tradition orale qui suggère toujours et laisse l’interlocuteur deviner. Pour le meilleur et pour le pire.