Burundi
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ANALYSE/ Clap de fin

C’était une mauvaise pièce de théâtre et les Burundais attendaient le clap de fin. C’est fait. Retour sur des mois fiévreux au sommet de l’Etat.

Il n’y avait plus l’ombre d’un doute, le chef de l’Etat était inquiet et le disait : il était en danger. Le Président est allé jusqu’à évoquer « un coup de force » pour le renverser.
Puis, il a fait part aux Burundais et au monde de sa détermination. Il s’est dit prêt à faire face et, au besoin, à se battre pour sauver la République et l’économie du pays pris en otage. Il a d’ailleurs rappelé son statut de militaire et son grade de général qui n’a pas peur du combat.

Comme des SOS lancés, l’étalage de ses états d’âme ne trompait plus sur les causes de ses tourments, de son courroux. Au fil des jours, ses allusions, ses insinuations à peine voilées, étaient de plus en plus claires. Certains dirigeants au plus haut niveau (indongozi) ne lui inspiraient plus confiance et constituaient de véritables menaces contre lui. Un bicéphalisme au sommet de l’Etat. « Inacceptable. Intenable. Je dis stop ».

Chaque sortie médiatique du chef de l’Exécutif est devenue une sorte de prétoire pour avertir, prendre à témoin la société burundaise et la Communauté internationale en exposant les manœuvres, ou les intentions de ce ’’leader imbu de lui-même, ce fervent lecteur de la Bible, mais aux antipodes de l’humilité, l’homme gâté par la République, qui avait tout mais restait insatiable’’.

Puis, il a dit que « les masques étaient tombés », il avait déjà identifié celui -là, le traître, le « Maconco ». Le nom de ce prince est le symbole de la félonie et de la cupidité dans l’histoire du Burundi.
Le président de la République a raconté la fin tragique de ce personnage historique insatiable, gendre du roi, prince, tombé en disgrâce pour une histoire de chien, ’’Mushuzo ’’. Un excellent chien de chasse du roi Mwezi que le prince finira par voler. La ’’ligne rouge’’ était dépassée. Le roi Mwezi lèvera son armée pour mater le traître.

Tout était dit à travers cette métaphore : un coup d’Etat rampant, un ’’putschiste’’ identifié et son plan connu. Ce qui devait arriver est arrivé. On connaît la suite…

Epilogue ?

Dans l’opinion, et surtout sur les réseaux sociaux, la population commençait à s’habituer aux avertissements, aux mises en garde, aux ultimatums, aux déclarations de guerre contre la corruption notamment. Les gens commençaient à se lasser parce que la situation ne semblait pas bouger.
C’est du ’’bluff’’ disaient de nombreux Burundais, « les loups ne se mangent pas entre eux », renchérissaient les plus pessimistes… Avec ce limogeage, le Président semble vouloir tourner une page.

Ainsi, il a annoncé qu’il va casser quelques monopoles dans le commerce à l’origine de certaines pénuries qui paralysent l’économie. Il a cité notamment le commerce du carburant utilisé comme une ’’arme de pression’’ ou encore la distribution des engrais chimiques.

Comme du temps de la « guerre froide », pendant plusieurs mois, nous avons vu deux blocs s’épier, se jauger. Les Burundais, prudents, inquiets, attendaient l’issue de ce combat des chefs.

Un fait qui ne trompe pas et qui en dit long sur la profondeur du conflit : les limogeages ou les mutations en cascade au sein des Forces de défense et de sécurité dans la foulée de la nomination du Lieutenant général de Police Gervais Ndirakobuca au poste de Premier ministre en remplacement au Général de Police Alain Guillaume Bunyoni.

Comme s’il fallait casser un dispositif patiemment construit pour mettre un autre plus rassurant, acquis. « Game is over’ ». Une des parties semble avoir perdu la manche.

Dans tout cela, c’est le Burundi qui a perdu. Le petit peuple n’a pas besoin de combats de chefs. Mais de dirigeants épris de développement pour un essor économique. Pour ceux qui aiment la guerre, il y a la télé. Enfin, ceux qui ont l’électricité et la télé…