Burundi
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Allo ? Econet Wireless ? Ne raccrochez pas

« La téléphonie mobile, facteur de développement. » Au moins dans deux ateliers, les professionnels des compagnies de téléphonie mobile démontraient noir sur blanc le lien entre sa pénétration et la croissance économique.

Par Léandre Sikuyavuga, Directeur du groupe de presse Iwacu

Entre autres avantages : investissements directs, rentrées fiscales, inclusion financière, créations d’emplois. On y a cru et rien ne semblait éteindre la flamme de son implantation au Burundi. Cinq sociétés ont eu la licence d’exploitation pour opérer au Burundi : Africel, Smart, Econet Wireless, Lumitel, Onatel. Le public a assisté à l’émergence de nouveaux emplois. Un petit exemple : la vente des cartes de recharge a généré un réseau de grossistes, de distributeurs, de marchands ambulants. A chaque coin de rue, on y trouve des agents qui offrent des services monétaires par téléphonie mobile. Apparemment, le secteur semblait en pleine croissance, la téléphonie mobile vivait ses moments de gloire, surtout côté emplois. Mais ce n’était qu’un leurre au vu de ce qui s’est passé par la suite.

Africel, Smart n’ont pas fait long feu. Les dettes fiscales et les problèmes de licence d’exploitation seraient les principales causes de leur fermeture. Du moins, selon le régulateur. Smart Burundi soutiendra que la décision de fermeture de son réseau est « politique. » Le public n’a pas compris ce qui s’est passé réellement.

Aujourd’hui, l’exigence de l’OBR de geler les comptes de la compagnie Econet Wireless vient enfoncer le clou. Cette dernière doit verser sur les comptes de l’Agence de régulation et de contrôle des télécommunications (ARCT) plus de 88 milliards de BIF et 44 millions de dollars américains. La troisième des cinq compagnies de téléphonie mobile du Burundi risque de fermer à cause des arriérés de taxes et d’impôts. Qu’est-ce qui ne va pas dans le secteur de la téléphonie mobile au Burundi ? Comment et pourquoi en est-on arrivé à de tels montants colossaux d’arriérés ? Les questions sont sur toutes les lèvres.

En principe, avant d’octroyer des licences d’exploitation aux compagnies de téléphonie mobile, il y a des contrats qui les lient avec l’Etat burundais. Il y a des obligations entre les deux parties, les signataires savent à quoi ils s’engagent. L’autorité de régulation est mise en place pour rappeler à l’ordre, recadrer en cas de manquements. Où sont ces contrats ? Sont-ils publics ? Par ailleurs, il existe des organes de l’Etat chargés du recouvrement, de percevoir les taxes et les impôts.

La fermeture d’une compagnie mobile comme Econet Wireless est lourde de conséquences. On devrait penser au coût élevé des investissements de base de l’entreprise pour démarrer et diversifier les produits qu’elle offre, aux nombreuses personnes qui y travaillent, aux utilisateurs, etc. Au vu de ce qui vient d’arriver aux trois compagnies, l’avenir de l’investissement dans le secteur de la téléphonie mobile est hypothéqué, voire compromis. A l’antipode du discours officiel qui vise à assainir le climat des affaires pour encourager l’investissement au Burundi.

Je pense, à mon humble avis, que geler d’un coup les comptes de la compagnie Econet Wireless n’est pas une bonne solution. Sa fermeture portera préjudice à la téléphonie mobile dans son ensemble. Un terrain d’entente doit être trouvé pour les deux parties. Si elle n’est pas encore mise en place, il y a nécessité d’une commission d’arbitrage. Après tout, à des degrés différents, chaque partie a sa part de responsabilité. Allo ? Econet Wireless ? Ne raccrochez pas. Il doit y avoir un interlocuteur…