Gabon
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Ousmane Cissé à la tête de la SEEG : la nomination de la colère

Ousmane Cissé a été nommé, le 22 mai, directeur général de la Société d’énergie et d’eau du Gabon (SEEG), au grand regret d’une bonne partie de l’opinion qui désapprouve la nomination d’un « étranger » à la tête de cette société renationalisée après le départ de Véolia. Les plus frénétiques ont immédiatement appelé à la démission du nouveau « DG » parce que, disent-ils, il existe des Gabonais compétents méritant de tels postes de responsabilité dans leur pays. Loin des relents xénophobes visant à stigmatiser les personnes de nationalité étrangère, ils défendent avec force l’idée d’une préférence nationale pourtant rabâchée par la notabilité gabonaise dans un contexte d’explosion du taux de chômage et… à l’aube des scrutins.

© (Montage) GabonReview et fgis-gabon.com

Pour sûr, son entrée à la Société d’énergie et d’eau du Gabon (SEEG) en qualité de directeur général fait jaser. Le 22 mai, Ousmane Cissé a été nommé à la tête de cette entreprise renationalisée après le départ du français Véolia. Il devra donc quitter le Fonds gabonais d’investissements stratégiques (FGIS) où il occupait le poste de directeur de la Conformité, de l’audit et du risque. Mais, sa nomination est mal acceptée par plusieurs Gabonais qui dénoncent la promotion de la compétence étrangère à des emplois prestigieux. Ce, dans un contexte d’explosion du taux de chômage où les Gabonais diplômés, dont l’accès à un emploi décent au sein de l’Administration revêt chaque jour un peu plus les allures d’un mirage, sont appelés à s’auto employer et à se contenter des initiatives gouvernementales jusque-là soldées par des échecs et parfois dévalorisantes pour ceux qui ont fait fonctionner leur matière grise à l’école en plus d’acquérir des compétences en entreprise.

Échantillons de posts sur les réseaux sociaux gabonais dont une pétition. © GabonReview

Quid du Fonds souverain nouvel actionnaire majoritaire de la SEEG ?

Loin des relents xénophobes visant à stigmatiser les personnes de nationalité étrangère, nombreux sont ceux qui dénoncent le népotisme des faiseurs de roi qui renvoient aux calendres grecques l’emploi des Gabonais, même si le président Ali Bongo assurait que c’est sa «grande priorité». Ils défendent avec force l’idée d’une préférence nationale pourtant rabâchée par ces dignitaires dans un contexte d’explosion du chômage.

Du côté de la SEEG, on justifie cette nomination par le rétablissement des dispositions statutaires de cette entité dont les dirigeants sont nommés en Conseil d’administration par les représentants des actionnaires de la société. La nomination d’Ousmane Cissé a-t-elle donc été faite dans les règles de l’art ? Si la SEEG a été renationalisée, il semblerait que le Fonds souverain de la République gabonaise (FSRG) géré par le FGIS ait racheté les parts de Veolia dans la SEEG (51 %), rachetées en 2019 par l’État.

Considérant qu’il s’agit d’un fonds souverain censé être financé par les excédents de l’activité économique du pays, les ‘indignés’ crient à «une nomination étrangère de trop». Le Fonds, selon le décret qui l’organise et crée le FGIS, est alimenté par un prélèvement de 10% sur les recettes pétrolières annuelles prévues dans la loi de finances ; 50% de toutes les recettes budgétaires additionnelles correspondant à un dépassement des hypothèses de base de la loi de finances annuelles ; les dividendes du portefeuille des participations de l’État ; la totalité des produits financiers générés par le Fonds ; les dons et legs. Mais aussi, chaque année, par 25% des revenus générés par ses placements et toutes les recettes pétrolières additionnelles correspondant à un dépassement des hypothèses de base de la loi de finances de l’année précédente.

Nomination «très présidentielle» ?

Selon ce décret, il s’agit d’un Fonds placé sous l’autorité du président de la République qui fixe la composition, le fonctionnement et dont les opérations comptables sont soumises au contrôle de la Cour des comptes. Le FGIS quant à lui, est un établissement public à caractère industriel et commercial rattaché à la présidence de la République. Comme quoi, dit-on, «il s’agit toujours des actifs de l’État gabonais».

«Il n’y a plus de Gabonais compétents au point où c’est un Sénégalais qui est nommé directeur général de notre SEEG majoritairement détenue par l’État Gabonais ?», s’est interrogé un gabonais ayant du mal à comprendre la nomination d’un Ousmane Cissé, Sénégalais arrivé au Gabon en 2009, selon certaines indiscrétions. A-t-il, entretemps, obtenu la nationalité gabonaise ?

Si le FGIS le présente comme un expert en comptabilité, finance et fiscalité, conseiller en investissements financiers agréé, l’homme totaliserait 26 ans d’expérience pendant lesquels il a occupé des postes de direction dans une douzaine d’entreprises. Au cours de sa carrière, note le FGIS, il a acquis une expertise particulière en administration et en gestion optimisée des organisations, ainsi qu’en vérification et en planification stratégique. «Son expérience professionnelle et ses compétences font de lui un expert recherché dans le domaine de la finance et de la gestion d’entreprise», poursuit le FGIS dans le présentation d’Ousmane Cissé qui, selon bien d’autres avis, a été «un piètre manager».

#OusmaneCisséDémissionnes!

«Avant de débarquer au FGIS désormais actionnaire majoritaire de la SEEG,  Ousmane Cissé a été DG de la chaîne panafricaine Label TV de Mactar Sylla, un autre Sénégalais, dont le siège et les installations sont situés à Angondje, inaugurée en grandes pompes par Ali Bongo le 14 août 2017», rappelle Jean-Valentin Leyama, ’ancien directeur de cabinet adjoint du président de la République passé à l’opposition, avant de noter «un échec retentissant, comme chacun peut le vérifier sur son écran de télévision».

En proie à d’énormes difficultés financières, la chaîne qu’il dirigeait a interrompu tous ses programmes, à la fin du mois de juin 2020. Si Jean Valentin Leyama feint d’espérer qu’Ousmane Cissé fera mieux à la tête de la SEEG, d’autres refusent de lui accorder le bénéfice du doute et appelle à sa démission à travers l’hashtag Ousmane Cissé démissionne ! (#OusmaneCisséDémissionnes!), clament-ils, parce que plusieurs jeunes gabonais, compétents en âge de travailler sont pour la majorité au chômage ; parce que cette situation est entretenue, «nous exigeons qu’Ousmane Cissé qui est un sujet étranger démissionne ! Nos jeunes ont également besoin de travailler», ajoutent-ils.

Parce que la SEEG, le FGIS et même les télécommunications sont des domaines de souveraineté, «nous exigeons que ces sociétés soient gérées par des Gabonais». «Que faisait M. Ousmane Cissé dans cette entreprise quand de jeunes gabonais croupissent dans le chômage. Nous exigeons la démission d’Ousmane Cissé». Une pétition qui sonne comme l’exaspération de ceux qui, en plus d’assurer qu’«il n’est donc pas le messie attendu à la SEEG», s’interrogent sur les raisons du limogeage de Gustave Mayi avec 3 de ses collaborateurs. Dans leur démarche, les offusqués reprochent tout aussi «à ceux qui nomment» de ne pas souvent «faire des choix objectifs sur ceux qui doivent occuper des postes de responsabilité». «Les gabonais sont quotidiennement envoyés au chômage et les étrangers sont ceux qui viennent occuper la place dans l’administration et dans le parapublic», regrettent-ils.