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Éducation à la santé sexuelle et de la reproduction : Passage en force

Pourquoi avoir fait comme si l’éducation et la formation de notre jeunesse était l’affaire de quelques spécialistes ? Pour se donner les moyens de mieux formater nos enfants ?

Les programmes scolaires doivent être conçus en tenant compte des objectifs du pays, de ses valeurs traditionnelles et de l’évolution des mentalités. Même en se réfugiant derrière des notions aux contours flous, on ne peut chercher à imposer des évolutions à marche forcée. © GabonReview

L’Organisation des Nations-unies pour l’éducation, la science et la culture (Unesco) est-elle engagée dans la promotion de l’homosexualité ? Veut-elle introduire la notion de « genre » dans les curricula ? Pour l’heure, sa représentation à Libreville s’en défend. Affirmant avoir « signé un accord avec la Commission nationale (…) dans le cadre de son programme d’éducation à la santé et au bien-être« , elle dit vouloir aider les encadreurs pédagogiques du pré-primaire et du primaire à mieux appréhender les « compétences de vie » et à se doter d’un bagage nécessaire à la conception « de stratégies pour construire des amitiés saines, prévenir le harcèlement et la violence et être préparé à la puberté« . A cette fin, elle affirme travailler « en concertation étroite avec tous les partenaires de l’éducation dans un esprit de (…) transparence« .

Notions aux contours flous

En effet, face aux discriminations, on doit promouvoir le respect des différences et l’ensemble des droits humains. Dans un monde en pleine mutation, on doit doter les enfants d’aptitude à la prise de décision, à la résolution des conflits et à la communication interpersonnelle. Mais, on ne doit pas oublier cet élément fondamental : censée former le travailleur, l’homme et le citoyen de demain, l’école ne doit pas être déconnectée du présent ou de la société. De ce point de vue, les programmes scolaires doivent être conçus en tenant compte des objectifs du pays, de ses valeurs traditionnelles et de l’évolution des mentalités. Même en se réfugiant derrière des notions aux contours flous, on ne peut chercher à imposer des évolutions à marche forcée.

Après tout, la notion de « compétences de vie » est en cours de structuration. Intimement liée aux normes sociales et attentes de la communauté, sa définition varie en fonction des organismes et pays. Même si elle se fonde sur des invariants, elle n’est pas la même partout et pour tous. Le Partenariat mondial pour l’éducation l’entend comme l’ensemble « des capacités et des attributs qui peuvent être enseignés afin d’améliorer les façons de penser, d’apprendre, de travailler et de vivre dans le monde« . Le Fonds des Nations-unies pour l’enfance (Unicef) les envisage comme « des compétences transférables qui permettent aux individus de faire face à la vie quotidienne, de progresser et de réussir à l’école, au travail et dans leur vie sociale« . Comme le proclame le bureau de l’Unesco à Libreville « il appartient à chaque Etat (…) d’opérer les ajustements ou améliorations nécessaires dans les programmes scolaires« . Ce travail a-t-il été fait ? Sans doute. Était-ce de façon participative et inclusive ? On peut en douter.

Volonté d’endoctrinement

Pourtant, la loi n° 21/2011 du 14 février 2012 portant orientation générale de l’éducation, de la formation et de la recherche institue un comité scientifique d’assurance qualité, notamment chargé « d’évaluer les curricula et offres de formation« . Même si son organisation et son fonctionnement n’ont jamais été précisés, sa seule mention témoigne de l’importance de la concertation avant toute réforme. Pourquoi ne pas s’être plié à cette exigence ? Pourquoi ne pas avoir ouvert la réflexion à l’ensemble de la société ? Pourquoi avoir fait comme si l’éducation et la formation de notre jeunesse était l’affaire de quelques spécialistes ? Pour se soustraire du débat de fond ? Ou pour se donner les moyens de mieux formater nos enfants ? N’en déplaise au gouvernement et à l’administration, les parents, amis et fréquentations garderont une influence sur le développement de la personnalité des enfants. A la maison, comme dans les lieux publics, ils auront toujours la possibilité de les instruire, de leur inculquer leur compréhension des choses et des « compétences de vie« .

L’éducation à la santé sexuelle et de la reproduction doit-elle débuter au pré-primaire ? S’il peut paraître utile de donner aux tout-petits des informations sur leur corps, il semble tendancieux d’y mêler le « genre ». Au contraire, il faut laisser les enfants se découvrir et évoluer librement, sans chercher à les familiariser avec une notion controversée, peu conforme à la conception traditionnelle de la famille, du mariage, de la maternité et de la sexualité. Loin de tout conservatisme, on ne peut s’accommoder d’une volonté d’endoctrinement. Quel intérêt un bambin de quatre ans aurait-il à s’imprégner de concepts comme la gestion pour autrui ou la procréation assistée ? Ne faut-il pas le laisser commencer par des choses plus simples et plus évidentes ? Ne faut-il pas lui reconnaître le droit au libre développement de sa personnalité ? Sur tous ces aspects, le gouvernement a étouffé le débat, préférant le passage en force. Aveu ou malice ? L’avenir le dira…