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Tunisie: un journaliste en garde à vue après ses déclarations sur l'armée

Le journaliste tunisien Salah Attia a été placé en garde à vue par la justice militaire qui a ouvert une enquête après ses déclarations sur l'armée tunisienne à la télévision Al-Jazeera, indique dimanche à l'AFP son avocat Samir Ben Amor.

Le parquet militaire a ouvert une information judiciaire contre Salah Attia, journaliste dans un quotidien local, à la suite de propos tenus vendredi sur la chaîne qatarienne Al Jazeera, précisé Ben Amor.

Le journaliste y a affirmé notamment que le président Kaïs Saïed avait « demandé officiellement à la force militaire d'intervenir contre l'Union générale tunisienne du travail », la puissante centrale syndicale UGTT, et d'encercler ses locaux avant une grève générale prévue le 16 juin. Selon ce journaliste, qui s'oppose au coup de force du président tunisien du 25 juillet 2021, l'armée aurait informé l'UGTT de son refus face à cette demande du président.

« On dirait que nous sommes dans les derniers jours du régime du (président déchu Zine el Abidine) Ben Ali », ajoute le journaliste sur Al Jazeera pour décrire la situation en Tunisie.

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À la suite de ces déclarations, Salah Attia a été interpellé par la justice militaire qui a décidé samedi de le placer en garde à vue quand il a refusé de dévoiler ses sources, selon son avocat. Le journaliste est soupçonné notamment « d'avoir porté atteinte à l'armée », et d'« inciter les Tunisiens à la violence », d'après son avocat. Il sera déféré lundi devant un juge militaire qui pourrait le placer en détention provisoire. Samedi, l'UGTT a démenti dans un communiqué des « déclarations mensongères » du journaliste.

Salah Attia n'est pas le premier journaliste poursuivi par la justice militaire. En avril, un journaliste de télévision a été condamné à quatre mois de prison pour « offense » envers le chef de l'État, après être intervenu dans une émission télévisée. Il a fait appel et est en liberté en attendant les suites de la procédure.

Des ONG locales et internationales ont régulièrement dénoncé ces dernières années les poursuites judiciaires engagées contre des civils par des tribunaux militaires, estimant qu'elles se sont intensifiées depuis le coup de force le 25 juillet du président Saïed qui s'est arrogé les pleins pouvoirs. Des députés du Parlement dissous par le président ont également été poursuivis par la justice militaire.

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