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Procès du 13-Novembre: le poids et l'abîme des blessures psychiques

Troisième jour de plaidoiries pour les avocats des parties civiles au procès des attentats du 13 novembre 2015. Ce mercredi 25 mai, après avoir évoqué la veille les différents lieux des attaques, les avocats ont choisi de parler des blessures des victimes. Celles que l’on voit et les blessures invisibles qui ne font pas moins souffrir. Compte rendu d’audience.

Bien sûr, il y a les blessures physiques. « Mortelles 130 fois » le 13 novembre, rappelle Me Bibal en introduction. Et puis il y a les blessures psychiques. « Déjà mortelles deux fois. » Deux rescapés à la psyché en morceau et qui se sont données la mort en 2017 et 2021. « Pas plus qu’il n’est fait pour recevoir des balles de Kalachnikov, l’être humain n’est pas fait pour être confronté à sa propre mort », dira une avocate. 

Pour les victimes directes, il y a d’abord eu l’angoisse. L’angoisse paralysante de leur mort imminente. Pour leurs proches, il y a eu l’inquiétude. Des téléphones qui sonnent dans le vide et des messages sans réponse, les appels par milliers aux hôpitaux pour obtenir des nouvelles d’un proche. Avec parfois, rappelle-t-elle, des erreurs terribles : on annonce qu’une victime est morte alors qu’elle est vivante. Ou pire encore, l’exact inverse.

Et il y a l’après : le stress post-traumatique. « Ce mauvais compagnon de route poursuit la victime, la nuit, le jour, au travail, en famille, de l’esprit au corps, il est omniprésent. » « Les victimes, directes, indirectes, toutes les victimes, sont condamnées à vivre avec ce mal-être, avance Me Isabelle Teste, condamnées à perpétuité, alors qu’elles sont innocentes. » 

Les avocats sont revenus sur la culpabilité trop largement ressentie par les victimes : à s'excuser d’être encore vivants, quand tant d’autres sont morts ; pardon, à s'excuser de n’être pas blessés quand tant d’autres sont meurtris dans leur chair. La culpabilité de ne pas avoir été des héros. « Elle est terrible, celle-là », dira Me Aurélie Coviaux.

La honte d’avoir fui, lâché la main d’un mourant. Piétiné des corps pour sortir, oublier des amis dans la panique. « Ils sont leur propre procureur », dit l’avocate. « Nous, gens de droit, sommes bien impuissants à juger des innocents. » Alors les avocats rappellent, encore, aux victimes qu’elles sont victimes. Et attendent du jugement et de ses motivations qu’il dise, clairement et une fois pour toute, qui sont les victimes et qui sont les coupables.  

A lire : les comptes-rendus d'audience du procès des attentats du 13-Novembre