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Le pouvoir géorgien multiplie les signes d'une orientation pro-russe

La guerre que la Russie livre en Ukraine inquiète énormément dans tout l’ancien espace Soviétique et plus particulièrement en Géorgie, république du Caucase du Sud, qui se sent très proche de l’Ukraine. De plus en plus d’observateurs du pays estiment cependant que le pouvoir géorgien est en train de glisser vers une politique pro-russe.

Avec notre correspondant à Tbilissi,

La population géorgienne est aux trois quarts résolument pro-occidentale, le dernier quart étant non pas pro-russe, mais prudent à l’égard de Moscou. Le pouvoir géorgien, totalement dépendant de l’oligarque Bidzina Ivanichvili, ayant fait fortune en Russie, poursuit donc formellement une politique visant le rapprochement avec l’Union européenne et avec l’Otan.

Mais depuis quelques années, on observe une pratique des hommes de Bidzina Ivanichvili, comme le premier ministre Irakli Garibachvili ou le chef du parti au pouvoir Kartouli Otsneba (le « Rêve géorgien »), Irakli Kobakhidzé, qui consiste à quasi systématiquement saper les relations avec les Occidentaux, en tenant des propos très agressifs vis-à-vis de leurs représentants.

Des décisions allant de façon démonstrative à l’encontre des demandes européennes relatives à la gouvernance démocratique sont également prises par le pouvoir géorgien. Par exemple, en faisant condamner mi-mai à trois ans et demi de prison le directeur de la principale chaîne de télévision d’opposition, Nika Gvaramia, juste avant un déplacement à Bruxelles du Premier ministre. Un jugement que le bureau du défenseur public qualifie de « violation flagrante des principes de légalité ».

Autre exemple : l’été dernier, le pouvoir faisait nommer six juges à la Cour Suprême au moment même où le président du Conseil Européen, Charles Michel, était en Géorgie, et totalement contre l’esprit des principes que lui-même et les dirigeants avaient fixé d’un commun accord.

► À lire aussi : Crise ukrainienne: la stratégie géorgienne face à la Russie et ses limites

Tendance pro-russe

Même si le gouvernement explique ses positions par son souci de ne pas irriter la Russie et de défendre les intérêts du peuple géorgien, d’où notamment sa décision de ne pas s’associer aux sanctions contre la Russie, la nouvelle passe mal dans une partie de l’opinion : la Géorgie elle-même n'a pas accès à 20 % de son territoire, les régimes séparatistes d’Abkhazie et d’Ossétie du Sud étant soutenus à bout de bras par la Russie.

Ce qui explique aussi les obstacles créés au début de la guerre pour empêcher un avion ukrainien de se poser à Tbilissi, alors qu'il venait chercher quelques dizaines de volontaires géorgiens qui souhaitaient se battre contre les russes en Ukraine. Ces derniers ont finalement pu s'y rendre. Un évènement qui a créé beaucoup de tension entre les gouvernements géorgien et ukrainien, où, là encore, les hommes de Bidzina Ivanichvili ont donné l’impression nette de chercher tous les prétextes pour ternir les relations avec Kiev.

► Réécoutez le reportage de notre correspondante à Tbilissi, Manon Chapelain«Je sais de quoi les Russes sont capables» : des Géorgiens vont se battre en Ukraine