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Le Kenya entre en campagne électorale, les partis sortent le grand jeu

Ce week-end, William Ruto était en meeting politique dans le centre du Kenya et son concurrent Raila Odinga dans l’ouest. Au premier jour officiel de la campagne, l’élection est déjà bien présente dans les rues de Nairobi avec des panneaux géants aux couleurs des principaux partis.

Avec notre correspondante à Nairobi, Albane Thirouard

La campagne politique est officiellement lancée au Kenya ce 29 mai, alors que, selon le calendrier, la commission électorale a jusqu’au 6 juin pour valider les candidatures des prétendants au scrutin du 9 août. Les deux principaux candidats, William Ruto et Raila Odinga, ont déjà enchainé les rassemblements politiques ces derniers mois, mais les Kényans s’attendent à ce que la campagne politique prenne un nouvel élan. Vols en hélicoptère, distribution d’argent ou de goodies aux couleurs du parti. Ils sont habitués au spectacle des plus gros prétendants.

Et au premier jour officiel de la campagne, l’élection est déjà bien présente dans les rues de Nairobi avec des panneaux géants aux couleurs des partis de William Ruto et Raila Odinga. Les prétendants avec peu de budget sont moins visibles. Car, dans ces élections, l’argent joue un rôle important.

Depuis son atelier de menuiserie, Samson Omondi montre fièrement les bleus de travail reçus d’un candidat. « Parfois ils nous donnent aussi 8, 4 ou même 2 euros. Le coronavirus nous a beaucoup affecté, les gens n’ont pas d’argent. Donc si un candidat vient nous parler sans nous donner quelque chose, on ne va pas voter pour lui. » 

De quoi laisser Dennis Odhiambo indifférent. À 25 ans, il ne compte pas voter. « C’est toujours la même chose, dit-il. Ils font campagne, ils nous disent "je vais créer 15 millions d’emplois", mais sur le terrain il n’y a rien. Ce sont des fausses promesses. » 

La crainte de violences

Néanmoins, comme beaucoup d’habitants, il espère voir un scrutin paisible. « Les gens prennent le scrutin personnellement. Je vais favoriser quelqu’un de mon ethnie, plutôt que son idéologie. Et si on entend les discours de campagne, les politiques encouragent cette pensée en disant "les autres ne sont pas bien, c’est à notre tour de manger". » 

La hausse des discours de haine sur les réseaux sociaux inquiète la société civile. Mulle Musau est le coordinateur national de Elog, un groupement citoyen d’observation des élections. Il craint que la campagne, si elle n’est pas bien encadrée, mène à des actes de violence. « On ne s’attend pas à en voir à travers tout le pays mais concentrées dans les points chauds habituels, comme la région du lac Victoria, la vallée du Rift, Nairobi ou Mombasa. Il y eu une hausse dans l’utilisation des réseaux sociaux et surtout dans les discours de haine et les fake news. Puis, on se prépare à voir de plus en plus de fraudes électorales, et principalement des achats de votes. »

Ces pots-de-vin, c’est justement ce que déplore Matchel Nyagaya. Cet étudiant en droit aimerait voir une campagne plus égalitaire. « L’argent contrôle tout dans le processus électoral. Le langage entre les politiques et les citoyens se résume à quel candidat va leur donner plus d’argent en échange de leur voix. Et si on regarde les publicités à la télévision, c’est une présidentielle à deux candidats, les deux en tête sont bien financés, ont déjà été au gouvernement. Alors que les candidats indépendants ne peuvent pas s’offrir de publicités pour promouvoir leurs idées », regrette-t-il.

Certains s’inquiètent aussi de voir des conflits post-électoraux, récurrents au Kenya.