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La junte birmane s'apprête à recourir à nouveau à des exécutions

En Birmanie, la junte annonce qu’elle va procéder à des exécutions des condamnés à mort, y compris des prisonniers politiques. Elles seraient les premières exécutions depuis près de trente ans.

De notre correspondante régionale, Carol Isoux

Le porte-parole de la junte vient d’annoncer que le gouvernement militaire procéderait prochainement à au moins quatre exécutions. Parmi les condamnés, Phyo Zeya Thaw, un ancien député du parti d'Aung San Suu Kyi,  arrêté en novembre 2021 et condamné en vertu des lois anti-terrorisme. Il est accusé d'avoir organisé des attaques contre les autorités. Le second est un célèbre militant pro démocratie, Ko « Jimmy », très actif pendant le mouvement étudiant de 1988. Il a été condamné pour incitation à la rébellion sur les réseaux sociaux. Deux autres hommes ont été reconnus coupables du meurtre d’une femme accusée d’être une informatrice de la junte.

La peine capitale non appliquée depuis plus de 30 ans 

Depuis plusieurs décennies, la coutume était pour les condamnés à mort en Birmanie de faire appel de leur sentence. Elle était soit révoquée, soit le tribunal ne rendait aucune décision, ce qui suspendait la sentence à vie. Mais cette fois-ci pour la première depuis près de 30 ans, l’appel a été rejeté, ce qui ouvre la voie des exécutions effectives, alors que des centaines d’activistes ont été condamnés à mort après le coup d’État. Une façon sans doute pour la junte de hausser le ton après plus d’un an d’affrontements dans les zones rurales et plusieurs attaques récentes à la bombe dans des lieux publics des grandes villes, notamment à Rangoun. Conformément au protocole pénitentiaire, les quatre hommes sont condamnés à la mort par pendaison.

Appel à la communauté internationale

Sophie Brondel, coordinatrice d'Info Birmanie, appelle les dirigeants occidentaux à prendre leurs responsabilités, notamment sur le plan juridique : il faut stopper l'impunité des crimes de la junte, explique-t-elle. « Ils ont besoin d’être soutenus. On a eu beaucoup de condamnations de principe, mais là, il est temps de passer à l’action. Il y a eu des sanctions internationales prises contre le régime de la junte, mais le peuple birman a un gouvernement légitime. Le gouvernement d’unité nationale appelle à être reconnu, soutenu. Il y a énormément de chose à faire, qui n’ont pas encore été faites, et évidemment la question de l’impunité. Il faut soutenir des initiatives en matière de justice internationale, mais ça fait des décennies qu’il en est question en Birmanie. Là, il faudrait vraiment que l’on fasse quelque chose à ce niveau-là, une juridiction internationale ad hoc qui instruise tous les crimes qui sont commis et qui fasse rendre des comptes à la junte. Parce que toute cette terreur, tous ces crimes, toutes ces violations, sont le fait de toutes ces décennies d’impunité. Et la communauté internationale n’a jamais pris des enjeux à la hauteur des enjeux de justice, donc il y a encore énormément à faire à ce niveau-là ».

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