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La Colombie exportera son cannabis médicinal en Europe

L’Allemagne, la Suisse, l’Australie, Israël et le Mexique peuvent désormais recevoir le cannabis médical colombien sous toutes ses formes, d’extraits de la plante jusqu’à la fleur séchée. Depuis le 1er avril 2022, le gouvernement colombien a confirmé l’autorisation de vente de la fleur de cannabis et des produits dérivés vers l’étranger. C’est une manière de renforcer la position de la Colombie dans l’industrie du cannabis médical en pleine expansion à travers le monde.

de notre correspondante à Medellin,

Quelque 80 entreprises sont prêtes à expédier leurs produits. Parmi elles, Pharmacielo, une compagnie colombo-canadienne installée à Rionegro près de Medellin. Cette société dispose de 12 hectares de serres. Elle vendra ses produits dans 13 pays. Nous nous sommes entretenus avec Andrès Felipe Botero, le directeur des opérations de Pharmacielo.

RFI : La résolution 539 de 2022 permet désormais aux producteurs de cannabis du pays andin d’exporter les graines de cannabis, tous les composants végétaux, la plante de cannabis dont la fleur elle-même séchée (qui représente 50% du marché) et ses produits dérivés. Que signifie ce nouveau décret pour votre entreprise et pour le marché du cannabis médical ?

Andres Felipe Botero : C’est une ouverture du marché. En 2019, l’industrie du cannabis médical était à ses débuts. On ne parlait que de cristaux de CBD (cannabidiol). Aujourd’hui, on propose plusieurs produits avec du CBD, et plusieurs produits avec du THC (composé psychoactif du cannabis). On développe aussi des produits distillés de THC, des formes diluées pour permettre le transport vers de nouveaux marchés qui n’auront qu’à l’emballer et le vendre. On développe aussi les gouttes hydrosolubles de cannabis, des produits dits de phytothérapie.

Pour ceux qui ne connaissent pas, quand on parle de CBD ou THC, on fait la différence entre un cannabinoïde (c’est-à-dire un composant du cannabis) sans effet psychotrope et l’autre avec effet ?

C’est bien ça. L’usage des deux est possible. Chacun a des effets médicaux différents. Nous avons même des produits qui les combinent pour une meilleure efficacité.

Où seront vendus tous ces produits ?

L’Europe est un de nos marchés les plus solides avec l’Allemagne qui est leader dans le domaine. Ensuite, Israël et l’Australie. On voit aussi un intérêt au Portugal, en Espagne, en Pologne et en République Tchèque. De nouvelles règles sont en train d’être établies pour permettre la régulation du marché en Europe. En Allemagne, par exemple, on pourra déjà vendre des produits de CBD pour l’industrie pharmaceutique, pour le secteur de la cosmétique et la fleur de cannabis entière séchée. On estime que les ventes sur le marché allemand atteindront environ 12 à 15 tonnes par an. C’est notre priorité en ce moment. Aujourd’hui, 97-98% de notre marché est celui de l’exportation. Mais on développe des compagnies colombiennes. Le marché colombien est juste un peu plus lent que celui de l’exportation à l’étranger qui est plus réceptif à ces types de produits.

Lorsque la production de cannabis médical a été autorisée en 2016 en Colombie, la crainte de beaucoup de personnes était qu’on aille jusqu’à la légalisation de l’usage récréatif du cannabis. Qu’en est-il aujourd'hui ? C’est toujours une crainte ou un nouveau marché qui se prépare ?

Nous pourrions être présents sur les deux marchés. Mais évidemment, on dépend des lois et règlements de chaque pays, de chaque client mais aussi des lois colombiennes. Aujourd’hui, nous proposons la fleur de cannabis médical qui sera vendue par des pharmacies et dispensaires en Europe. Je ne pourrais pas vous dire si on va vers une régulation de l’usage récréatif du cannabis. Je pense que le monde est en train de changer, mais je ne sais pas à quelle vitesse.

Pourquoi le cannabis médical colombien est-il intéressant pour ces nouveaux marchés ? Quelles sont ses caractéristiques ?

Il a deux facteurs. Tout d’abord, la résistance des variétés colombiennes en termes d’arôme et de lutte contre les maladies qui peuvent affecter la plante. Ensuite, il y a le coût de production compétitif. Nos coûts sont plus faibles que ceux d’autres pays qui doivent suivre les saisons. La Colombie peut produire jusqu’à quatre cycles de plantes. On n’a pas besoin de grosses infrastructures ou de lampes, car les conditions naturelles sont favorables à la production de cannabis à moindre coût : 12 heures de soleil et 12 heures d’obscurité. Alors que les saisons obligent plus de matériels comme au Canada ou ailleurs. On peut réduire les coûts de plus de 50 ou 70%.