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Internet: les médias chinois influencent les résultats des moteurs de recherche

Internet est comme souvent cible d'une véritable guerre de l'information. On en a beaucoup parlé avec la Russie et la guerre en Ukraine. La Russie reçoit dans ce combat l'appui d'un allié, la Chine… Une enquête du think tank américain Brookings nous apprend comment les médias chinois parviennent à influencer les résultats des moteurs de recherche de YouTube et Google afin de mettre en avant leurs nombreux articles et vidéos.

Brookings prend l'exemple de cette affirmation avancée par la Russie : les États-Unis auraient des bases secrètes sur le sol ukrainien où seraient développées des armes biologiques.  

Plus encore que les médias d'État russes, leurs homologues chinois s'en sont fait écho, et ils sont parvenus à trouver une audience en se jouant des algorithmes de Google, YouTube ou encore Bing, le moteur de recherche de Microsoft. Il s’agit d’une véritable stratégie, alors qu'officiellement, la Chine ne soutient pas l'opération militaire russe en Ukraine.

Avoir une grosse force de frappe

Pour influencer les résultats de ces moteurs de recherche, c’est tout simple : il suffit juste d'avoir une grosse force de frappe. Ces moteurs de recherches ont en effet tendance à accorder plus de valeur, et donc à faire remonter dans la liste des résultats les contenus les plus récents et les plus relayés.

Il suffit de produire souvent, en masse, et c'est ce que font les médias d'État chinois, appuyés par des partenaires à l'étranger. Brookings prend en exemple le journal finlandais Helsinki Times ou encore The Indian Express. C'est une stratégie réfléchie, et dont les prémices remontent à plusieurs années. La Chine a ainsi mis en place en 2019 le Belt and Road News Network, un réseau mondial de médias affiliés à Pékin, qui assure également la formation de journalistes étrangers en Chine.

►À lire aussi : Guerre en Ukraine, la Chine sert la désinformation russe sur la menace biologique

Mais toute cette logistique n'a pas que pour but de servir la propagande russe en Ukraine. Pour son enquête, Brookings s'est concentré sur 12 mots-clés concernant le Covid-19 et le Xinjiang. Ils les ont testés sur cinq moteurs de recherche : Google et Google actualités, Bing et Bing actualités, et YouTube. Le résultat est frappant, car en tapant un de ces mots-clés, des contenus produits par des médias d'État chinois apparaissent presque systématiquement dans les premiers résultats de recherche.

Par exemple, si l’on tape Fort Detrick dans YouTube, sur les 10 premiers résultats de recherche, 7 ont été produits par la CGTN, la chaîne de télévision d'information internationale chinoise. Or, Fort Detrick est un ancien centre de l'armée américaine, base de son programme d'armes biologiques jusqu'en 1969. Aujourd'hui, c'est un centre de recherche biomédicale P4, et la cible d'une campagne de désinformation chinoise qui l'accuse d'être à l'origine du Covid-19. D'après Brookings, le phénomène est encore plus marqué pour les recherches relatives au Xinjiang et aux Ouïghours.

Labelliser les contenus produits

Google et Microsoft sont conscients de ces manipulations de leurs algorithmes et ils annoncent travailler sur le sujet. Plusieurs solutions sont étudiées, comme mieux labelliser les contenus produits par des agences d'information gouvernementales. Brookings suggère de mieux repérer quels sont leurs médias partenaires à l'étranger et de le signaler aux internautes.

On peut également envisager de mettre des bandeaux en haut des articles ou des vidéos pour prévenir que le contenu est suspect. Google a par exemple déjà testé cela dans son fil d'alertes d'actualité. Et enfin, comme toujours, on peut faire de l'éducation aux médias : que le public connaisse au moins dans les grandes lignes comment fonctionne un moteur de recherche et comment il sélectionne les articles qui arrivent en premier.

►À écouter aussi : Manipulations, désinformation, contrôle: les opérations d'influence de la Chine passées au crible