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États-Unis: la défaite de Cheney «confirme que les républicains anti-Trump sont poussés dehors»

Liz Cheney a perdu, ce mardi 16 août, les primaires du Parti républicain dans le Wyoming, en faveur d'une candidate pro-Trump. Dans cet État rural des États-Unis, ce nom est connu de tous. Son père, Dick Cheney, fut le vice-président de George W. Bush. Élue depuis six ans à la Chambre des représentants, Liz Cheney s'est fait connaître pour ses positions très conservatrices. Et pourtant, ces derniers mois, elle est devenue l'une des rares voix dans les rangs des républicains à oser s'opposer à Donald Trump et son récit selon lequel la présidentielle 2020 lui aurait été volée. Liz Cheney en paye le prix fort. Trois questions à Lauric Henneton, enseignant à l'université Versailles Saint-Quentin et spécialiste de la politique américaine.

RFI : La défaite de Liz Cheney signifie-t-elle que la majorité des électeurs républicains sont désormais trumpistes ?

Lauric Henneton : Une primaire républicaine dans le Wyoming, ce sont les plus virulents et les plus motivés d'un électorat d'un seul parti dans un État très peu représentatif. Nous parlons donc de quelque chose de vraiment microscopique (à l'échelle nationale, NDLR). En même temps, si Liz Cheney n'arrive plus à convaincre ces électeurs qui ont encore voté pour elle, il y a deux ans, à 73%, cela ne représente pas seulement une défaite personnelle pour elle. C'est aussi le signe d'un retournement de son électorat et donc d'une partie de l'électorat républicain, bien qu'il ne faille pas non plus généraliser. Il y a plusieurs nuances dans l'électorat républicain, notamment dans les banlieues des grandes villes en Virginie, en Floride ou encore en Géorgie. Par conséquent, la défaite de Liz Cheney ne présage pas forcément d'une mise au pas totale de l'électorat républicain. Mais elle confirme que tous les républicains anti-Trump sont désormais soit poussés dehors par le parti lui-même et ne se représentent pas, soit poussés dehors lors des élections, et notamment durant les primaires.

Le Parti républicain est-il aujourd'hui complètement inféodé à Donald Trump ?

Presque totalement. Un certain nombre de républicains ne sont pas forcément anti-Trump, mais trouvent que s'acharner sur le passé, sur une élection perdue, ce n'est pas très constructif et qu'il vaut mieux proposer des solutions pratiques aux problèmes des Américains. Il vaut mieux avancer. Il y a un certain nombre de personnalités, dont des haut placés au sein du Parti républicain, qui pensent que ça suffit. Sauf qu'avec les électeurs, notamment durant les primaires, il devient compliqué pour les membres du Parti républicain de s'opposer à Donald Trump.

Liz Cheney a d'ores et déjà prévenu qu'elle comptait continuer son combat pour empêcher Donald Trump de revenir à la Maison Blanche. A-t-elle les moyens de créer une opposition à l'ex-président dans les rangs même des républicains ?

Ça me semble très compliqué. Premièrement parce que l'appareil du Parti républicain au niveau local et au niveau des États est plus ou moins pris par les trumpistes. Il s'agit davantage d'une prise par le bas que d'une prise par le haut de l'appareil républicain. Deuxièmement, parce qu'on sait que dans le système politique américain, il est impossible de créer un troisième parti qui soit viable. Un troisième parti peut avoir un effet « spoiler », c'est-à-dire qu'il divise un camp pour faire gagner l'autre. Dans le cas de Liz Cheney, cela voudrait dire qu'elle créerait un mouvement pour attirer un certain nombre de républicains, peu, mais suffisamment pour faire perdre l'élection aux républicains ? C'est peu probable parce qu'elle est quand même très conservatrice. Il ne faut pas non plus la prendre pour quelqu'un qu'elle n'est pas ! C'est une ultraconservatrice dans ses votes au Congrès. Ce qui rend d'autant plus retentissante sa défaite lors d'élections primaires dans le Wyoming. Parce qu'elle n'est pas devenue une baba cool. Elle a au contraire un score de conservatisme au Congrès qui est très, très élevé.  

Liz Cheney co-préside la commission d'enquête de la Chambre des représentants sur l'assaut du Capitole le 6 janvier 2021 par les partisans de Donald Trump. Mais elle ne sera donc plus membre de la Chambre à partir de janvier prochain. Qu'est-ce que cela signifie pour la commission d'enquête ?

De toute façon, même si Liz Cheney avait gagné la primaire, elle n'aurait pas pu continuer à co-présider la commission au-delà de janvier prochain. Parce que ce qui se profile, c'est une victoire des républicains à la Chambre des représentants lors des élections de mi-mandat. La commission d'enquête sur le 6 janvier sera donc dissoute. Par conséquent, la défaite de Liz Cheney à la primaire du Wyoming n'a pas vraiment d'impact sur la commission. Ce qui va en revanche avoir un impact sur la commission, c'est la victoire probable des républicains à la Chambre en novembre.

►À la Une de la revue de presse : Aux États-Unis, Liz Cheney perd la primaire républicaine dans le Wyoming