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En Tunisie, la numérisation des journaux de la Bibliothèque nationale pour ouvrir l'héritage

La bibliothèque nationale de Tunis numérise sa collection de près de 16 000 journaux étrangers qui comprennent une quarantaine de titres, certains datant du 19ᵉ siècle. L’état de certains journaux détériorés par le temps nécessite une accélération du processus. Un projet de longue haleine pour la bibliothèque qui veut valoriser ce patrimoine témoignant de la richesse culturelle du pays. Dans les sous-sols de la bibliothèque nationale, près de 2 000 mètres carrés sont consacrés à une collection de manuscrits et journaux.

Avec notre correspondante à Tunis, Lilia Blaise

Hajer Sahli, directrice des collections, nous emmène voir les archives de journaux étrangers. « C’est un projet pour moi national pour mettre en lumière ce fond, l’identifier, le présenter aux Tunisiens. »

La section est très variée, près d’une cinquantaine de revues en français sont des journaux humoristiques datant de l’ère du Protectorat, et il en existe autant en arabe. En longeant les cotes, Hajer Sahli nous fait aussi découvrir les publications. « L’Union, c’est italien, ça, c'est très joli, mais aussi très fragile. C’est une revue humoristique qui date du 19ᵉ siècle ».

Une fois numérisés, les originaux ne sont plus manipulés, afin de les protéger. Selon la directrice de la bibliothèque, Raja Ben Slama, il s’agit aussi de préserver un patrimoine multiculturel qui témoigne également de la présence de la communauté juive dans le pays.

« Moi, j'appelle à une autre philosophie du patrimoine et de l’héritage. Je trouve que ces communautés-là qui sont parties ont existé et continuent à exister d’une certaine manière par ces documents » déclare-t-elle au micro de RFI.

Hajer Sahli, directrice des collections de la bibliothèque nationale de Tunis, au milieu des archives.
Hajer Sahli, directrice des collections de la bibliothèque nationale de Tunis, au milieu des archives. © Lillia Blaise/RFI

Grâce à un partenariat avec la BNF, Bibliothèque François Mitterrand, en France, la bibliothèque échange aussi ses numérisations et collecte, par la même occasion, des archives de publications tunisiennes, également numérisées dans l’Hexagone.

Rendre les archives accessibles à tous

Pour la professeure en histoire contemporaine, Kmar Bendana, la mise en place de ce fond numérique va au-delà de la préservation d'un héritage pluriculturel, il s'agit aussi de rendre accessible aux chercheurs et universitaires des documents précieux pour leurs études.

« C’est une économie culturelle qui implique des ramifications en amont, des imprimeurs Prosper, des vendeurs de journaux, des lecteurs actifs, donc tout un secteur très aminé. Et les journaux, les revues, et les magazines justement constituent les traces d’une vie culturelle diversifiée, animée, nourrie, dont on n’a pas suffisamment fait l’histoire, et c’est pour ça que l’entreprise de la Bibliothèque nationale est à la fois une surprise pour nous, parce que nous unirons un peu toute cette histoire extrêmement dense sur plusieurs décennies », explique Kmar Bendana.

« C’est aussi une initiative d’avenir, et elle ouvre pour nous, pour la Tunisie, pour les chercheurs, les portes d’une exploitation scientifique qui est nécessaire parce que c’est une archive aujourd’hui qui devient à la portée de tous. »