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Élections générales au Kenya: la plus faible participation depuis 2002

La compilation des résultats est toujours en cours au Kenya. La commission électorale a sept jours pour les annoncer, soit jusqu’au 16 août. En attendant, elle a confirmé ce mercredi 10 août la faible participation : 64,6%. Un chiffre très bas comparé aux précédents scrutins.

Avec notre correspondante à Nairobi, Florence Morice

Le premier chiffre de participation annoncé mardi à la mi-journée, 64,6%, laissait déjà présager une faible mobilisation. Au point que la commission électorale avait jugé utile d’« exhorter » dans un communiqué les Kényans restés chez eux à aller voter. Mais la tendance s’est confirmée. 

Le chiffre n’est pas totalement définitif puisqu’il ne tient pas compte des électeurs qui ont dû s’identifier à partir du registre manuel, suite à des dysfonctionnements de quelques tablettes biométriques. Mais cela ne concerna pas plus de 200 bureaux de vote sur plus 46 000 selon la Commission. Pas de quoi bouleverser cette tendance. C’est donc le taux de participation le plus faible au Kenya depuis 2002, très en deçà des 80% de participation lors de l’élection annulée de 2017. 

S'ajoute à cela le fait que 40% seulement des jeunes de 18-35 étaient inscrits sur les listes électorales, un chiffre en baisse là aussi. Tout cela témoigne d’une grande désaffection vis-à-vis du vote, dans un pays qui aime se présenter comme la locomotive de la démocratie dans la région. 

Les observateurs invoquent de multiples explications : crise économique et désillusion à force de promesses non tenues, peu de renouvellement parmi les candidats et une fatigue devant les revirements d’alliances à répétition qui rythment la vie politique kényane.

Par ailleurs, quatre ONG kényanes et internationales, dont Amnesty International, s’alarment ce mercredi de voir circuler sur les réseaux sociaux quantité d'« informations fausses ou trompeuses » sur le processus électoral et les résultats des élections. Elles accusent les candidats des deux principales coalitions en lice et leurs partisans de chercher « intentionnellement à désinformer l'électorat et le public ».

Par ailleurs, Elog, la mission d’observation électorale de la société civile kényane, appelle les Kényans à rester attendre « pacifiquement » l’annonce des résultats officiels par la commission électorale et de « s’abstenir de tout acte qui pourrait inciter à la violence ».

À Kisumu, une poignée de main qui a changé le visage de la ville

Dans cette ville fidèle au candidat Raila Odinga, les habitants attendent de connaître leur nouveau chef d'État avec anxiété, les yeux scotchés aux résultats prévisionnels donnés par les médias. La région a été le fief de l’opposition pendant plusieurs décennies, sa population se sentant souvent délaissée par Nairobi. Mais, ces dernières années, les projets d’infrastructure se sont multipliés dans la ville, explique notre envoyée spéciale sur place, Albane Thirouard

Un nouveau stade, la rénovation du port, de la ligne ferroviaire Kisumu–Nakuru, avec une gare moderne. En cinq ans, la ville a connu de nombreux changements. Dans ses rues, beaucoup les attribuent au rapprochement entre le président sortant Uhuru Kenyatta et l’opposant historique, Raila Odinga. Depuis leur « handshake », fameuse poignée de main, en 2018, qui visait à mettre fin aux tensions post-électorales, Sylas Chege et Elvis Otieno ont vu leur ville évoluer : « Les marchés de Jubilee et Kibuye ont été rénovés. Ils sont désormais équipés d’abris. Les rues aussi ont été améliorées, il y a des trottoirs et des lampadaires tout le long. Et tout ça, c’est grâce au handshake », indique le premier, quand le second renchérit : « Avant, la ville était laissée de côté, car nous étions dans l’opposition, donc nous recevions moins de soutien de la part du gouvernement. Avec le handshake, on a vu de nouveaux projets de développement… les routes, le port… et d’autres qui arrivent. Je vois bien Kisumu devenir un hub économique. »

Peter Anyang' Nyong’o est le gouverneur de la ville. Il l’admet : le rapprochement entre les deux hommes a permis de nouveaux projets. « Je ne dis pas que nous ne recevions rien auparavant, mais c’était compliqué de mettre en place de gros chantiers qui nécessitent des apports importants en capitaux, comme le port. Nous avions pour objectif de le revitaliser, mais pas les moyens, le gouvernement central, lui, oui. Cette poignée de main a permis à ce projet de prendre vie. »

Kisumu ne compte pas s’arrêter là. La ville devrait notamment bientôt avoir un nouveau centre de conférence. 

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