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Au Mexique, arrivée massive de télétravailleurs américains

Récemment, Mexico a vu de nombreux Américains s’établir dans certains de ses quartiers les plus prisés, séduits par le charme de la capitale mexicaine et aidés par la généralisation du télétravail. Mais l’arrivée massive de ces nomades digitaux au pouvoir d’achat largement supérieur à celui des locaux n’est pas sans conséquences, et peut générer des transformations importantes dans une ville où le salaire moyen est d’à peine 400 dollars. 

À Mexico, dans le quartier chic de Polanco, Alexandra Demou dirige une agence immobilière. Elle propose un service d’expatriation au Mexique clef en main : « Chaque semaine, nous répondons à environ 55 appels de nouveaux clients américains, juste des Américains, qui cherchent des renseignements pour s’installer à Mexico. Donc, il y a eu une énorme augmentation. »

La plupart sont des jeunes télétravailleurs ou freelance. Pour quelques mois, un an ou plus, ils sont à la recherche d’un cadre de vie agréable : « Le principal attrait du Mexique est que ce n’est pas cher. Donc, vous pouvez avoir une bien meilleure qualité de vie à moindre coût. Je pense que c’est la raison numéro un qui attire les gens ici. Et là, on assiste à un gros boom des quartiers de la Roma et de la Condesa. »

Une gentrification

La Roma aujourd’hui est l’un des quartiers les plus animés de la capitale. Janis Dominguez y vit depuis des années. Elle est mexicaine et travaille comme maquilleuse dans les théâtres aux alentours. « Pour ceux d’entre nous qui vivent dans la ville, les prix ont augmenté, tant au supermarché que dans les commerces et même dans les restaurants, se plaint la Mexicaine. Dans ceux où tu allais avant pour manger, tu n’y vas plus, car les prix sont plus élevés. » Comme un phénomène en cascade, la gentrification à l’œuvre à Mexico repousse toujours un peu plus les locaux, comme Janis des centres d’activités : « Un Mexicain ne peut pas acheter une propriété à 100 000 ou 150 000 dollars. Aujourd’hui, ces opportunités sont présentées aux touristes plus qu’aux Mexicains eux-mêmes… De fait, je suis en train de déménager. Je vais dans un endroit plus au sud de la Roma ou les prix sont moins élevés. »

Lors de la crise sanitaire, le Mexique est resté l’un des seuls pays ouverts aux touristes. Nombre d’entre eux y sont venus pour fuir l’enfermement. Dès lors, dans ces zones touristiques, la fréquentation des étrangers n’a cessé d’augmenter. C’est dans ce contexte que Carlos et Ricardo se sont reconvertis professionnellement pour donner des cours d’espagnol. « Il y avait une demande qui nécessitait qu’on offre ce type de service, c’est pour ça qu’on a commencé tout simplement ».

La majorité des élèves viennent des États-Unis. Désormais installée dans l’immeuble d’une chaîne de bureaux partagés, leur école compte six professeurs et enseigne la langue à une trentaine d’étudiants chaque semaine. C’est le cas de Jessy et Eric qui viennent régulièrement travailler et passer du bon temps à Mexico.

« Nous sommes avocats et nous possédons notre propre cabinet. Donc, nous pouvons travailler à distance et nous pouvons nous présenter aux audiences et aux médiations à distance, raconte Jessy. Heureusement pour nous. » « Nous adorons tout à Mexico. Vous pouvez rester ici des mois et des mois sans avoir tout vu, tous ces beaux musées, tous les restaurants, les bars », s'enthousiasme Eric.

Des étrangers qui dépensent beaucoup

Chaque année, les dépenses des touristes étrangers au Mexique s’élèvent à plusieurs milliards de dollars. Pour Carlos et Ricardo qui dirige l’école d’espagnol, c’est évident que l’arrivée massive d’américains est profitable… et pas seulement pour leurs affaires, mais aussi pour toute l’économie locale : « Beaucoup de restaurants, de commerces en bénéficient. Aussi, les étrangers ont un pouvoir d’achat élevé, ainsi, il y a plus de consommation. »

Ils vivent dans le quartier depuis plusieurs années. Même si tous les deux y constatent une augmentation du niveau de la vie, ils assurent que le tourisme américain le transforme positivement. « En réalité, il est en train de récupérer une partie de la vie qu’il a perdu, par exemple à cause du séisme de 2017. Beaucoup de personnes sont parties, les touristes aussi. Donc, je sens que le quartier récupère la dynamique. »

Même se le tourisme accentue la fracture sociale dans une ville déjà très contrastée, l’économie mexicaine en dépend plus que jamais. Cette année, il représente environ 15% de son PIB.

►À écouter aussi : Éco d'Ici Éco d'Ailleurs - Télétravail : révolution lente dans les entreprises