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Antony Blinken termine sa tournée africaine au Rwanda, où il est fraîchement attendu

Le secrétaire d’État américain est arrivé à Kigali ce mercredi soir et doit rencontrer le président Paul Kagame ce jeudi 11 août, puis visiter le mémorial du génocide des Tutsi. Au menu des discussions, les relations avec la RDC et le M23, les droits de l’homme, mais aussi le sort de l’opposant Paul Rusesabagina, résident américain condamné à 25 ans de prison pour terrorisme au Rwanda. Autant de sujets qui font grincer des dents à Kigali.

Dans la presse pro-gouvernementale rwandaise, les articles dénonçant l’approche des États-Unis face la crise du M23 et l’affaire Paul Rusesabagina se sont multipliés ces derniers jours, a constaté notre correspondante à Kigali, Laure Broulard. Sur Twitter, le ministère des Affaires étrangères a de son côté indiqué que Kigali s’attend à des « échanges robustes » au sujet de la bonne gouvernance et des droits de l’homme.

Antony Blinken, premier secrétaire d’État américain à visiter le Rwanda depuis 2016, devrait en effet exprimer des inquiétudes au sujet du respect de la démocratie au Rwanda, alors que de plus en plus de critiques se font entendre aux États-Unis sur le bilan en terme de droits humains du gouvernement de Paul Kagame. Fin juillet, Robert Menendez, président de la commission des affaires étrangères du Sénat, a ainsi appelé à reconsidérer le montant de l’aide américaine envoyée à Kigali.

Mais Antony Blinken va surtout se concentrer sur « le rôle que le gouvernement rwandais peut jouer dans la réduction des tensions avec la RDC ». À Kinshasa, il a déclaré que les États-Unis sont « préoccupés » par les informations selon lesquelles le Rwanda soutient le M23, sans toutefois condamner ouvertement le gouvernement rwandais.

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Le cas délicat de l'Américano-Rwandais Rusesabagina

Le sort de l'opposant Paul Rusesabagina devrait également être abordé au cours des rencontres du diplomate américain.

Ce résident américain, qui a inspiré le film hollywoodien Hôtel Rwanda, est détenu depuis deux ans à Kigali, condamné à 25 ans de prison pour terrorisme, une peine confirmée en avril dernier.

« Essayer d’œuvrer au retour des Américains et des résidents américains détenus de façon injuste partout dans le monde est une priorité », a déclaré Antony Blinken sur nos ondes avant de débuter sa tournée africaine. Le sort de Paul Rusesabagina, titulaire de la Green Card, la carte de séjour permanent aux États-Unis, sera donc au menu des discussions avec les autorités rwandaises. 

► Antony Blinken sur RFI: «L'Amérique ne s'engage pas en Afrique à cause d'un autre pays»

L'an dernier, le département d'État américain avait jugé « inéquitable » le procès qui l'avait condamné à 25 ans de prison pour « terrorisme ». Il y a moins de deux mois, une résolution bipartisane du Congrès a appelé l'administration Biden à demander aux autorités de Kigali la libération de l'opposant rwandais pour raison « humanitaire », étant donné ses ennuis de santé.

Paul Rusesabagina, l'ancien directeur de l'hôtel des Mille collines qui avait recueilli un millier de réfugiés pendant le génocide, a toujours clamé son innocence des faits de « terrorisme » au Rwanda. Mais il a reconnu que sa plateforme politique, le Mouvement rwandais pour le changement démocratique (MRCD), s'était dotée d'une branche armée, le FLN, qui a revendiqué des attaques sur le sol rwandais en 2018 et 2019. Les victimes de ces attaques ont demandé à rencontrer Antony Blinken. 

Au téléphone avec Sassou Nguesso

Au cours de cette tournée, le secrétaire d’État américain ne s’est pas rendu au Congo-Brazzaville mais il a longuement échangé mercredi au téléphone avec le chef de l’État congolais Denis Sassou Nguesso, indique notre correspondant à Brazzaville, Loïcia Martial.

L’entretien téléphonique entre les deux personnalités a été « très, très convivial », a indiqué à la presse Jean-Claude Gakosso, le chef de la diplomatie congolaise, qui a assisté le président Denis Sassou Nguesso.

Ce dernier a indiqué à Antony Blinken qu’il était préoccupé par la situation dans l'est de la RDC voisine, et que malgré les hommes et les moyens financiers dans le cadre de la Monusco, les résultats demeurent mitigés.

Le dirigeant congolais s’est inquiété de la « sensibilité jihadiste » des ADF qui sévissent plus en RDC qu’en Ouganda, sollicitant l’implication des États-Unis dans le règlement  de cette situation.

Au sujet de la crise libyenne, dans laquelle Brazzaville est médiatrice, Denis Sassou Nguesso a salué l’appui de Washington à l’organisation d’une conférence de réconciliation.

Il s’est par ailleurs félicité du retour des États-Unis dans l’accord de Paris sur le climat.

Avant d’accepter l’invitation de son homologue Joe Biden au sommet États-Unis-Afrique de décembre prochain, Denis Sassou Nguesso a réitéré, une fois de plus, la neutralité de son pays entre Russie et Ukraine, mettant en avant une solution négociée.