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Dans une maison de repos, le médecin traitant est absent

À la maison de retraite médicalisée La Senury en Seine-Saint-Denis, un an s'est écoulé entre le départ à la retraite d'un médecin généraliste et le recrutement d'un remplaçant. "Pendant cette période, nous n'avons reçu qu'une seule candidature d'une personne que nous avons embauchée." se lamente la directrice adjointe Camille Luttlinger.

Selon un rapport parlementaire de 2017, un tiers desEHPADen France n'ont pas de médecin. Mais ces experts jouent un rôle important. En plus d'élaborer et de mettre en œuvre des projets d'EHPAD, ils fournissent des informations sur les hospitalisations des résidents et organisent des interventions pour les médecins traitants, les kinésithérapeutes ou les orthophonistes. "Ils ont une vision d'ensemble du fonctionnement des institutions. Sans eux, la qualité des soins s'en ressent", résume le gériatre Serge Reingewirtz.

Sa fonction devient de plus en plus importante à mesure que le pays continue de vieillir, couplé à une augmentation des maladies chroniques. Selon l'Institut national de la statistique et de la recherche économique (INSEE), 4 millions de personnes âgées perdront leur autonomie en 2050. Cela signifie que vous ne pourrez pas subvenir à vos besoins de base sans l'aide des autres. En juillet dernier, une étude de la Direction de la recherche, de l'évaluation et des statistiques (Drees) estimait que 85 % des résidents d'Ehpad souffraient de cette affection.

Manque d'attractivité

Ce contexte explique en partie le manque de médecins coordonnateurs. Les jeunes praticiens sont peu attirés par les métiers perçus comme palliatifs, aux côtés d'un public très vulnérable. "Lorsqu'ils travaillent dans un hôpital, les patients ne sont généralement pas hospitalisés ou traités longtemps. Ehpadà l'inverse, dans la fonction de suivi, les médecins peuvent se sentir démunis", analyse Serge Reingwirtz. "Ce travail est dur et très solitaire. Combiné avec le fait que la maison de repos n'a aucun moyen et personne ne veut venir." Camille Luttlinger ajoute.

En 2017, la réforme de la formation gériatrique nécessaire pour devenir médecin coordonnateur a mis en lumière ces difficultés. Auparavant, deux parcours permettaient de rejoindre cette voie. Un DESC est un diplôme complémentaire proposé aux internes en médecine à l'issue de leur stage. Domaine spécialisé pour les médecins diplômés qui souhaitent diversifier leurs compétences et leur pratique en gériatrie. Il y a cinq ans, ces deux formations ont disparu et ont été remplacées par le diplôme d'études professionnelles (DES). Désormais, la gériatrie sera une filière à part entière, sélectionnée à l'admission en internat, au même titre que la médecine générale. Cardiologie.

Problématique : dans une enquête de 2011, le Collège français de gériatrie a révélé que 88,5 % des gériatres hospitaliers sont dotés d'un personnel complet. Par conséquent, cette réforme pourrait réduire le nombre de gériatres dans les années à venir. 18 % des internes en gériatrie n'étaient pas pourvus en 2018 et 2019,et la spécialité était l'avant-dernière par les étudiants, selon un rapport réalisé pour le ministère de la Santé.

Développement de la télécoordination

Que faire pour améliorer la situation ? Il faut aider les Ehpad, ce qui semble avoir été fait pendant le Covid, et sur le long terme cette profession va devenir plus attractive, par exemple en augmentant les salaires. Il faut que ce soit quelque chose", a déclaré Gaël Durel, vice-président de l'Association nationale des médecins ajustés et de la Division de l'Ordre des médecins.

La télécoordination semble également être une solution pour certaines structures. "Les contraintes telles que le temps de trajet du domicile du médecin àEhpad sont assouplies", explique Serge Reingewirtz. Mais un gériatre prévient : "On ne peut pas tout voir sans être sur place. La télécoordination seule ne suffit pas à moins d'être à proximité d'un bâtiment surveillé par un médecin."