Switzerland
This article was added by the user . TheWorldNews is not responsible for the content of the platform.

Rugby: Nicole Imsand fait bouger les lignes depuis tous ses postes

Rugby Nicole Imsand fait bouger les lignes depuis tous ses postes

La Genevoise, leader dans l'âme, fait progresser le rugby féminin suisse en gagnant du terrain mètre par mètre, sur la pelouse comme en dehors.

La rugbywoman Nicole Imsand s'engage pour la promotion de son sport. Elle a créé une équipe en 2019, les Léman Flames et est membre du comité de la Fédération suisse de rugby.

La rugbywoman Nicole Imsand s'engage pour la promotion de son sport. Elle a créé une équipe en 2019, les Léman Flames et est membre du comité de la Fédération suisse de rugby.

Yvain Genevay/Tamedia

C’est une histoire d’amour qui s’est dessinée sur le tard. Après avoir testé la danse classique – «pour faire comme ma grande sœur Sandra que j’adore» – et le judo dès l’âge de 4 ans, Nicole Imsand s’est rapidement rendu compte qu’elle était plus à l’aise dans les disciplines qui demandent un certain engagement physique.

Beaucoup plus grande que les autres judokas de son âge (à 11 ans, elle mesurait déjà 176 cm), elle lâche le kimono et s’empare d’un ballon orange, une fois de plus inspirée par son aînée. «J’ai pratiqué le basket à Meyrin (en LNA et LNB) pendant vingt ans et j’ai vraiment pris goût au sport d’équipe. J’ai aussi beaucoup développé mon leadership sur les parquets.»

Capitaine-née – c’est toujours elle qui organise tout, que ce soient des camps sportifs ou des enterrements de vie de jeune fille – elle ressent un petit ras-le-bol du basket lors de la saison 2015-2016. Sur un coup de tête, elle tape «rugby féminin Genève» dans la barre de recherche Google et découvre que le club des Wildcats du CERN organise un bootcamp (ndlr: entraînement intensif) dès le lendemain. «J’ai toujours joué au basket de manière… rugbystique, explique-t-elle en riant. Disons que je n’ai jamais été quelqu’un de très fin. J’aimais le côté physique dans le sport.»

Et c’est justement cet aspect qui l’a attirée en Ovalie. Malgré cela, elle se rend à sa première séance pleine de doutes. «J’avais déjà plus de 30 ans, je craignais d’être toute frêle, toute nulle, avoue cette forte tête à l’humour bien trempé que l’on peine à imaginer peu sûre d’elle. Mais je me suis rapidement sentie dans mon élément lors de ces sessions, où on a surtout couru et fait des passes. La plus jeune joueuse avait 15 ans, la plus âgée 52, j’étais donc tout à fait à ma place.»

Au contact pour le collectif

Comme elle ne fait jamais les choses à moitié, Nicole Imsand s’investit à fond dans son nouveau sport. «J’étais hyperassidue. J’ai imprimé tout ce que je trouvais sur les règles du jeu, les gestes de l’arbitre. Les filles se moquaient gentiment de moi en voyant mon manuel du rugby dépasser d’une poche de mon sac de sport!»

Au rugby, on n’est pas un nom: on est un numéro, un maillot, un membre d’une entité. Je me retrouve bien dans cette mentalité.»

Nicole Imsand, rugbywoman aux Wildcats CERN et aux Léman Flames

Elle découvre avec bonheur la combativité et l’intensité physique qu’elle recherchait. «J’adore ça, mais je n’aimerais pas faire de la boxe, explique-t-elle. J’aime l’idée d’aller au contact pour les autres. De tout donner pour ensuite faire la fête toutes ensemble. Et je trouve aussi la tactique du rugby passionnante: tu peux être l’équipe la moins forte physiquement, mais remporter le match grâce à ton intelligence de jeu.»

Collective, la Genevoise occupe plusieurs postes différents et évolue désormais en 2e ligne ou en 8. «Certaines filles tiennent à leur poste, pas moi. J’aime faire partie de l’équipe et rendre service là où on a besoin de moi. Lors de cette Coupe du monde en France, j’adore le fait que la plupart des équipes ont refusé d’écrire le nom des joueurs sur leurs maillots, malgré les évidents avantages côté marketing. Au rugby, on n’est pas un nom: on est un numéro, un maillot, un membre d’une entité. Je me retrouve bien dans cette mentalité.»

Ambassadrice de son sport

Rapidement, Nicole Imsand gravit les échelons du rugby suisse et porte le maillot national à l’edelweiss (l’équivalent helvétique de la fougère néo-zélandaise) à 15 et à 7. «Le rugby à 15 est plus connu, mais c’est sa version à 7 qui, selon moi, représente le futur du rugby féminin», explique celle qui a créé sa propre équipe en 2019, les Léman Flames, qui regroupe les meilleures joueuses à 7 de l’arc lémanique.

«C’est beaucoup plus spectaculaire que le jeu à 15, où on avance petit à petit en créant des points de fixation. À 7, on court beaucoup plus, c’est passionnant à regarder, même pour des gens qui n’y connaissent rien.»

«Je m’investis autrement pour écrire l’avenir de mon sport au féminin.»

Nicole Imsand, membre du comité de la Fédération suisse de rugby

Seuls deux épisodes l'ont forcée à poser le ballon ovale quelque temps. Une vilaine blessure, en 2021, lorsqu'une de ses clavicules est passée devant son sternum quand une joueuse adverse lui est tombée sur le dos après qu’elle a marqué un essai. Puis sa grossesse: son petit Emrys au prénom gallois comme son papa Mikey, qui entraîne les Flames, est né en septembre 2022.

Aujourd’hui, Nicole Imsand continue à être une vraie ambassadrice de sa discipline, aussi bien crampons aux pieds qu’en baskets, dans ses rôles de manageuse de l’équipe nationale à 15 ou de membre du comité de la Fédération suisse de rugby.

«Le rugby m’a beaucoup apaisée dans ma vie et je veux lui rendre un peu de ce qu’il m’a donné. Je crois que je serais une très mauvaise coach, car beaucoup trop exigeante avec tout le monde. Alors je m’investis autrement pour écrire l’avenir de mon sport au féminin.»

Thérèse Courvoisier est rédactrice à la rubrique culture & magazine de 24 heures. Après presque 20 ans dans le journalisme sportif, elle se spécialise dans les portraits et sujets société.Plus d'infos

Vous avez trouvé une erreur?Merci de nous la signaler.